Les succès de Cyril Despres (moto) et Stéphane Peterhansel (auto) ont apporté une touche française au rallye Dakar, devenu depuis 2009 et son franchissement de l'Atlantique, une épreuve avant tout sud-américaine.
La 34e édition et 5e du genre en Amérique Latine a confirmé la tendance: des centaines de milliers d'aficionados sur le bord des pistes du Pérou, d'Argentine et du Chili, la mobilisation des plus hautes autorités des Etats traversés, radios et télévisions au diapason, donnant chaque fois, dans chaque pays, une dimension nationale au passage du rallye.
"En Afrique, dit Stéphane Peterhansel, les spectateurs sur le parcours étaient là par curiosité. Ici, ils sont là par passion !"
Le choix, en 2009, de transporter le rallye en Amérique Latine, fait par Amaury Sport Organisation (ASO), a sauvé l'épreuve.
La 34e édition sur fond de guerre au Mali, de gigantesque prise d'otages en Algérie et plus généralement de déstabilisation du Sub-Sahel par les groupes armés islamistes, en est l'ultime preuve. Le Dakar n'aurait pu en aucun cas se dérouler cette année sur ces anciens tracés devenus mortels pour une telle compétition.
Mais chaque médaille a son revers. Le Dakar qui avait bâti son image il y a 30 ans sur le registre de l'aventure de "Monsieur tout le monde", partant avec sa voiture ou sa moto à l'assaut des déserts et des pistes d'Afrique, est devenu une compétition très professionnelle où les amateurs font figure d'alibi aventureux, derrière les grosses écuries et leurs budgets colossaux.
Sur 449 autos, motos, quads et camions au départ de Lima le 5 janvier, 304 sont arrivés samedi au bout de l'ultime épreuve chronométrée à Limache, à quelque 150 km au nord de la capitale chilienne.
Ainsi, cette année encore, ce sont les constructeurs allemand (Mini pour les autos) et autrichien (Ktm pour les motos), qui n'ont laissé aucune chance aux autres concurrents, avec leurs moyens techniques et leurs deux champions, virtuoses, Stéphane Peterhansel et Cyril Despres.
D'autres fortunés comme "l'émir" Qatari Nasser Al-Attiyah avec ses deux Buggys (le second étant piloté par le champion espagnol Carlos Sainz) ou le Sud-Africain Giniel De Villiers (Toyota Afrique du Sud) ont bien tenté d'enrayer le scénario écrit d'avance, mais rien n'y a fait.
Al-Attiyah et Sainz ont abandonné sur déficience mécanique et De Villiers a terminé deuxième au classement général, mais suivi de près par les deux Mini du Russe Leonid Novitskiy et de l'Espagnol Nani Roma.
Dimanche, sur le podium d'arrivée installé devant le Palais de la Moneda à Santiago du Chili, après un parcours citadin devant des centaines de milliers de personnes, "Peter" et Cyril Despres ont été couronnés, le premier pour la 11e fois (6 victoires à moto et 5 en auto), et le second pour la 5e fois.
Rien ni personne ne semble pouvoir, en l'état actuel des engagés, contester la suprématie de ces deux hommes, appuyés et soutenus par deux puissantes écuries qui tant qu'elles seront là, assureront leurs victoires à venir, à commencer par la prochaine édition en 2014, dont on ignore encore quels pays en seront le théâtre.