Une semaine après sa victoire contre l'Australie, un XV de France séduisant et conquérant a rempli son objectif en battant largement l'Argentine (39-22) samedi à Lille et peut légitimement prétendre réaliser un sans-faute lors de la tournée de novembre.
Le XV de France, éternel adolescent capable d'exploits occasionnels, a-t-il atteint l'âge de raison ? Deux probantes victoires d'affilée face aux Wallabies et aux Pumas ne suffiront pas à l'affirmer. La copie du troisième et dernier rendez-vous automnal samedi prochain au Stade de France face aux Samoa, victorieux vendredi au pays de Galles (26-19), méritera tout autant d'être soignée.
Mais après la leçon administrée aux Wallabies (33-6), cette confirmation face aux Argentins, les hommes de Philippe Saint-André sont sur la bonne voie. Le manageur, qui avait demandé à ses joueurs de "ne pas être Français", à savoir ne pas s'endormir sur leurs lauriers, a de quoi être satisfait de cet embryon de continuité.
Samedi, sous le toit fermé du Grand Stade Lille Métropole (une première pour un match international dans l'Hexagone), ce France-Argentine a donné un sérieux coup de vieux aux épisodes précédents, généralement disputés sous barbelés et conclus par des scores étriqués. Une débauche d'énergie, un scénario à rebondissements, quatre essais inscrits avant la pause: du grand spectacle.
Un redoutable essai de trois-quarts dès la première action, un soutien rapide comme l'éclair, des impacts féroces et aucune mêlée avant la 39e minute de jeu: l'Argentine a bel et bien basculé dans le giron de l'hémisphère Sud. Sa victoire samedi dernier au pays de Galles (26-12) pour sa première excursion en Europe après son intégration au Four Nations, ne devait rien au hasard.
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Seulement samedi, les Français ont été les plus forts. Pourtant, l'essai dès la 5e minute du centre argentin Marcelo Bosch avait de quoi refroidir l'atmosphère et rappeler les entames de matches souvent difficiles du Tournoi des six nations. Mais la réaction fut à la hauteur de l'adversité.
Avec un Picamoles impérial, une touche dominatrice et d'évidentes fourmis dans les jambes, les hommes de Saint-André ont martyrisé la défense argentine en fin de première période en livrant vingt minutes de feu. Ils prenaient l'avantage par un doublé de Vincent Clerc, à la conclusion de deux magnifiques actions côté gauche, et d'un raid solitaire conclu entre les poteaux par le fringant revenant Yannick Nyanga (24-13 à la pause).
Au passage, Vincent Clerc (34 essais) double définitivement Philippe Saint-André au classement des meilleurs marqueurs d'essais de l'histoire du XV de France. Serge Blanco, toujours détenteur du sésame (38 essais), n'a qu'à bien se tenir.
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Le panache n'étant pas une garantie infaillible pour l'emporter, les Français ont su ensuite se muer en habiles gestionnaires au retour des vestiaires. Difficile, pour les deux équipes, de tenir le rythme endiablé du premier acte.
Mais un drop, quatre pénalités et un jeu au pied précis et rassurant de Frédéric Michalak (24 points), une nouvelle fois à la baguette avec le bouillonnant demi de mêlée Maxime Machenaud, permettaient aux tricolores de contenir la remontée argentine traduite par neuf points de l'ouvreur Nicolas Sanchez.
La victoire acquise, les Français pouvaient même se permettre de camper dans les 22 mètres argentins en fin de partie, seulement arrêtés dans leur élan par le coup de sifflet final de l'arbitre Steve Walsh. Une vraie partie de plaisir.