Les Jeux de Londres se sont ouverts vendredi sous le signe de l'humour et de l'imagination débridée, qui par temps de crise économique est venue à point porter une cérémonie inventive et décalée puisant profondément dans l'identité britannique.
Le président du comité d'organisation Sebastian Coe avait relevé vendredi qu'il ne pouvait "concevoir ce que cel doit être que de passer ne serait-ce qu'une demi-heure dans la tête de Danny Boyle", grand ordonnateur du spectacle.
La reine , près de soixante-dix chefs d'Etat et de gouvernement et les 80.000 spectateurs du stade de Stratford et le monde rivé devant sa télévision en ont eu un aperçu vendredi soir.
Des moutons gambadant dans un paysage bucolique, d'immenses cheminées d'usine surgissant du sol, des tambours, une forge de l'enfer, un orchestre symphonique... Il faudrait dérouler un inventaire à la Prévert pour cueillir tous les fruits de l'esprit fertile du réalisateur du film "Slumdog Millionaire".
Il semblait de toute façon impossible, et par ces temps de restriction, indécent, de vouloir égaler la démonstration de force millimétrée des Jeux de Pékin 2008, au budget quasi-illimité.
Avec ses 34 millions d'euros en poche, Boyle a sollicité 10.000 volontaires, compté sur des invités exceptionnels - comme l'auteur JK Rowling, le comique Roy Atkinson (Mister Bean) - et misé, comme il était attendu d'un Britannique, sur l'humour et l'excentricité. Avec audace, puisque même la Reine, largement ovationnée, a été mise à contribution, en jouant pour la première fois dans un court film aux côtés de James Bond (Daniel Craig).
Boyle n'a pas non plus hésité à transformer le stade en gigantesque boîte de nuit, grâce à des palettes luminescentes fixées à chaque siège et agitées avec bonheur par les spectateurs.
Joyeux bazar
Alors qu'étaient attendus en tribunes la Première dame américaine Michelle Obama, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev ou encore le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault, le récent vainqueur du Tour de France Bradley Wiggins a fait résonner une énorme cloche peu après 21h00 locales (20h00 GMT), donnant ainsi le départ réel de la cérémonie.
Le tableau initial, évoquant un Royaume-Uni rural d'un antan fantasmé n'a pas tardé à être bousculé par la Révolution industrielle, dans un fracas de percussions et harmonies grandiloquentes.
Dans un joyeux bazar de références évoquant les conséquences de ce bouleversement, défilaient alors des gueules noires, des suffragettes, mais aussi des sous-marins jaunes gonflables (Yellow Submarine), hommage aux Beatles issus de la ville industrielle de Liverpool.
Puis quatre anneaux olympiques glissaient sur des filins placés sur le toit du stade rejoints par un cinquième qui, sorti des hauts fourneaux au milieu de la scène, s'élevait vers l'empyrée, encore incandescent.
Dizaines de Mary Poppins
Après un interlude solennel pour l'entrée de la Reine, un deuxième grand tableau a fait honneur au National Health Service (NHS), le service de santé publique, si cher aux Britanniques.
Dans une fantasmagorie tournoyante, des infirmières et leurs patients - des enfants - devaient affronter les démons de la littérature britannique, tel le Capitaine crochet. C'était sans compter l'intervention de dizaines de Mary Poppins, descendues du ciel.
Le spectacle a ensuite pris une tournure nettement plus festive, avec un jouissif tour d'horizon de la culture musicale britannique depuis les années 60, des Rolling Stones à Dizzee Rascal en passant par David Bowie. Visiblement enchanté, le public n'a alors pas boudé son plaisir, entraîné par une débauche de lumières.
Les petites nations ont comme souvent remporté un franc succès lors du défilé des 205 délégations, menés sur des rythmes endiablés pour inciter les athlètes à ne pas s'attarder sur la piste. Ne restait plus qu'à un invité mystère à allumer la flamme olympique, portée jusqu'au stade par le footballeur David Beckham.