Si beaucoup de directeurs sportifs affirment que "tout est encore possible" sur le Tour de France, ils n'en cachent pas moins leur scepticisme sur la possibilité de battre Bradley Wiggins et son équipe Sky dans les cinq jours de course à venir.
La moue est la même quand on leur pose la question: "Peut-on battre la formation Sky ?".
"Si vous m'aviez posé la question au début j'aurais dit: +Oui bien sûr, ils ne vont pas continuer comme ça+. Mais jusqu'à maintenant, ils sont très forts tous les jours, ils ont contrôlé la course sans problème, sans dépenser trop d'énergie", répond Valerio Piva, le directeur sportif de l'équipe Katusha du Russe Denis Menchov, écarté de la course au podium après la grande étape alpestre.
"Ils seront battus s'ils font des erreurs eux-mêmes", estime-t-il.
Avec Bradley Wiggins et son équipier Chris Froome aux deux premières places, Sky a pris une sérieuse option sur le Tour.
L'Italien Vincenzo Nibali (Liquigas) est troisième à 2 min 23 sec du maillot et jaune et à 18 secondes de Froome, Cadel Evans (BMC, 4e) à 3 min 19 sec de Wiggins, le Belge Jurgen van den Broeck (Lotto, 5e) est à 4 min 48 sec.
"Le plus grand ennemi de Brad dans les Pyrénées, c'est Brad. Tant qu'il tiendra psychologiquement, tout ira bien", estime le manager de Garmin, Jonathan Vaughters. "De ce que j'ai vu, Evans ne grimpe pas aussi bien que Froome, et Wiggins et Nibali sont à peu près à égalité".
Nibali le concurrent
L'Italien de l'équipe Liquigas, très offensif et plutôt en jambes, apparaît unanimement comme le plus sérieux concurrent.
"Il a quelques bonnes cartes à jouer. Je pense qu'il monte en puissance, peut-être que je me trompe", souligne Bjarne Riis, le manager de la Saxo Bank qui n'a aucune ambition au classement général en l'absence de son leader Alberto Contador, suspendu sur ce Tour.
"Tactiquement, il n'a pas été mauvais. Il est bon descendeur et il y a des bonnes descentes qui arrivent", estime-t-il.
"Notre objectif est une place sur le podium à Paris", affirme son directeur sportif Stefano Zanatta. "Vincenzo a du caractère et est agressif par nature. S'il a les jambes, il attaquera. Tout ce qu'il peut faire, c'est essayer de son mieux", ajoute l'Italien en soulignant "la cohésion" de l'équipe Sky.
Malgré l'abandon d'un solide équipier comme Kanstantsin Siutsou dès la 3e étape, "les Sky s'en sortent très bien", souligne Alain Gallopin.
"C'est un Tour pour un +chronoman+, donc pour Wiggins", insiste le directeur sportif de RadioShack. "Avec plus de 100 kilomètres de +chrono+, un grimpeur part avec un handicap de 7-8 minutes".
Les Pyrénées ne devraient pas perturber le jeu, sauf intervention d'un élément extérieur. "Peut-être la grosse chaleur qui est annoncée", évoque Piva.
"Mais on est dans le dernière semaine du Tour. Si le dixième attaque, il va faire peur au cinquième, pas au leader. Et c'est l'équipe du cinquième qui va travailler, pas celle du leader. Il y a beaucoup d'intérêts qui font que la maillot jaune aura l'aide indirecte des autres équipes", ajoute-t-il.
"Il y a Sean Yates (directeur sportif de Sky, ndlr) dans la voiture", rappelle Gallopin. "Il a travaillé des années avec Johan Bruyneel et Armstrong. Il sait comment gérer un Tour. Il a l'expérience, il ne fera pas d'erreur".