Cadel Evans s'est muré dans le silence jeudi après avoir essuyé un nouveau revers face à Bradley Wiggins lors de la 11e étape du Tour de France, laissant son équipe BMC partagée entre réalisme et optimisme.
Assailli par les journalistes à son arrivée sur la ligne, 1 minute 26 secondes après son rival britannique, le vainqueur du dernier Tour a filé directement à son hôtel de La Toussuire. Et n'en est pas ressorti.
Le directeur sportif John Lelangue a été son porte-parole.
"Ca devient de plus en plus compliqué. Plus de trois minutes (3 min 19 sec de retard sur Wiggins au général, ndlr), c'est compliqué. Surtout sachant qu'il y a un contre-la-montre à la fin, qu'il n'y a plus beaucoup d'arrivées au sommet et quand on voit l'équipe que Sky a sur cette course", a-t-il reconnu avant de répéter son credo des derniers jours: "Tout reste possible, on se battra jusqu'à Paris".
Après le temps (1 min 43 sec) perdu lundi dans le contre-la-montre, l'équipe BMC misait sur cette étape alpestre, l'une des plus difficiles du Tour, pour éprouver les progrès de Wiggins dans les reliefs.
"On avait une balle et on a essayé de la jouer. On a placé un coureur dans l'échappée (Moinard, ndlr), Tejay (Van Garderen) a lancé la première attaque, Cadel était bien dans le Glandon et la Croix de Fer. Et puis ensuite, on a vu qu'il était à la limite face au très haut tempo imposé par les Sky dans la Toussuire", explique Lelangue.
Démuni
Tactiquement, tout était en place, avec Van Garderen comme point d'appui à l'avant, mais la mise en application a fait long feu. L'échappée de l'Australien a duré six kilomètres et l'écart n'a jamais excédé une quinzaine de secondes. Son point d'appui s'est finalement transformé en bouée de sauvetage...
Bradley Wiggins lui-même a confié sa surprise de voir une attaque lancée de si loin, à 66 kilomètres de l'arrivée. "Attaquer si tôt, tenir un rythme élevé pour garder de l'avance avec encore deux cols, ça m'a surpris. Je n'aurais pas eu les couilles de le faire", a déclaré le Britannique.
"C'était le plan, assure Lelangue. Cadel est déçu bien sûr. Mais on est arrivé à limiter la casse, l'équipe s'est bien battue. Il fallait essayer."
"Cadel reste un combattant, il va se battre jusqu'au bout", insiste-t-il.
Face à l'armada britannique, Evans paraît bien démuni.
"Nibali a tenté sa chance, Van den Broecke a tenté sa chance, nous avons tenté notre chance mais Sky nous a tous contenus", souligne le manager Jim Ochowicz.
"Bien sûr qu'on aimerait que ce soit mieux. On ne va pas déprimer à cause de ça, on reste optimiste. On va rester une équipe agressive avec l'objectif de gagner", ajoute-t-il.
"On saisira toutes les occasions, en début, au milieu ou en fin d'étape, assure Lelangue. On gagnera des minutes, on en perdra, on verra bien."