Thibaut Pinot, 22 ans et un mois, a concrétisé avec sa victoire dans la 8e étape du Tour de France dimanche un potentiel fait de solides qualités de grimpeur et d'une combativité à toute épreuve.
Il rêvait du Tour de France. Après huit jours de course, il a mené son rêve au-delà de toutes ses espérances grâce à sa pugnacité.
Malgré les louanges unanimes du petit monde du cyclisme français, Pinot ne devait pas faire le Tour de France.
Comme à son habitude, le manager Marc Madiot préférait l'aguerrir aux grandes courses à étapes sur un autre grand tour (Vuelta). Après les soucis physiques d'Arnold Jeannesson, il a finalement cédé au gamin qui l'inondait de courriers électroniques lui demandant de l'intégrer dans sa sélection pour le Tour.
Arrivé en benjamin de la course, le gamin de Mélisey (Haute-Saône) affirmait à la veille du Grand Départ qu'il n'avait "pas l'excuse d'être le plus jeune" pour ne pas tenter sa chance. "Le deuxième plus jeune, c'est Sagan et il va gagner quatre étapes", souriait-il.
Après les trois victoires du Slovaque, il s'est donc illustré à son Tour avec une détermination et un coup de pédale impressionnants pour résister aux attaques derrière lui.
"C'est un gagneur, il a toujours besoin de gagner, d'être devant. Souvent, il faut le freiner. Là, on lui a dit: +Lâche toi, c'est l'occasion ou jamais+. Il l'a fait magistralement", se réjouit Thierry Bricaud, l'un des directeurs sportifs de l'équipe FDJ-BigMat qui l'a recruté il y a trois ans.
Insouciant
Issu d'une famille de cyclistes avec un père coureur de niveau régional et un frère qui a dû arrêter sa carrière pour un problème cardiaque, le jeune homme n'a cessé de briller depuis ses débuts.
Solide junior, il a rapidement intégré l'équipe de France espoirs avec qui il est devenu le plus jeune vainqueur du Tour du Val d'Aoste.
Passé professionnel à la FDJ, il a confirmé ses qualités avec notamment un titre de meilleur grimpeur sur le Tour de Romandie (2010), une troisième place au Tour de Turquie (2011) et une victoire sur la Semaine Lombarde (2011) où il est devenu une nouvelle fois, à 21 ans, un des vainqueur les plus jeunes de l'épreuve... avec Lance Armstrong (en 1991).
Au départ de la 8e étape, il avait ordre de rester avec les leaders "pour qu'il apprenne à courir en leader", raconte son frère Julien. Il choisi de sauter la case apprentissage. "J'avais de bonnes jambes et je savais que si je voulais une victoire d'étape, c'était aujourd'hui ou jamais", explique le coureur.
"Il est comme ça, il n'écoute pas, il n'en fait qu'à sa tête, sourit son aîné qui l'entraîne avec Jacques Decrion et Frédéric Grappe. Mais il a montré aujourd'hui (dimanche) comment il est dans la vie: insouciant, il fonce, il est heureux, heureux de faire du vélo".
"Il apprend très vite, on va le laisser grandir. Je pense que le meilleur est à venir", affirme Bricaud.