Le milieu de terrain Mesut Özil peine à donner sa pleine mesure depuis le début de l'Euro-2012 et l'Allemagne, malgré ses trois victoires en autant de matches, se languit de son "magicien" qu'elle espère "de retour" pour le quart de finale face à la Grèce vendredi.
"Mesut n'est que l'ombre de lui-même, si on le compare à ses prestations avec le Real ou même celles avec les sélections auparavant", a écrit l'ex-gardien international Harald Schumacher, dans une chronique.
"Il lui manque la fraîcheur, l'état d'esprit, le dynamisme, la vitesse et la sûreté" dans le geste, a ajouté "Toni", implacable.
Ce jugement se révèle bien sévère pour un joueur qui a beaucoup tenté. Mais il est surtout révélateur des attentes vis-à-vis de celui qui avait enchanté le terrain, les tribunes et les écrans de télévision au Mondial-2010.
Depuis le début de l'Euro, on l'a vu discret contre le Portugal (1-0), où ses camarades avaient du mal à le trouver, puis malchanceux face au Pays-Bas (2-1), en touchant, sur une frappe à l'entrée de la surface de réparation, le poteau de Stekelenburg.
Devant le Danemark, il a semblé en net regain de forme, parvenant enfin à bien combiner avec Podolski, Müller, Gomez ou Khedira, malgré un marquage serré des Danois.
Özil a même fait la passe décisive à Lars Bender pour le but du 2-1 final, même s'il s'agit, en fait, d'une ouverture ratée pour Klose au départ.
Löw: "ça vient"
"C'est vrai que je peux joueur encore mieux. Je connais mon potentiel. Et je ne l'ai pas encore pleinement utilisé. Je dois et je veux m'améliorer", a reconnu le milieu du terrain madrilène.
Ses partisans soulignent que, l'effet de surprise de 2010 passé, Özil fait l'objet de davantage d'attention des défenses adverses.
Mais lui ne se cherche pas de fausses excuses et rappelle qu'en Espagne, avec le Real, il est déjà habitué à ne pas avoir une grosse liberté de mouvements. Ce qui ne l'a pas empêché de délivrer 17 passes décisives et de finir en tête du classement de la spécialité la saison dernière.
Le sélectionneur Joachim Löw se montre, en tout cas, clément avec sa star contrariée -on le sent souvent frustré sur le terrain de ne pas fournir ce que tout le monde attend de lui- et évoque un problème plus collectif.
"Mesut Özil s'est fortement amélioré depuis le premier match. Contre le Danemark, il a fait énormément de courses, il a touché énormément de ballons, et il a travaillé très intensivement sans le ballon", a souligné Löw.
"Ce qui lui a parfois, peut-être, manqué, c'est un bon appel, une solution en attaque. C'est de cela que se nourrit Özil, son grand point fort c'est de donner la balle en profondeur ou dans les intervalles", a ajouté le sélectionneur.
Et d'ajouter l'une de ses phrases-fétiches: "C'est l'appel qui fait la passe, pas l'inverse !".
Mais Löw est confiant: "La grande explosion d'Özil va venir. Au Mondial-2010, c'est aussi contre l'Angleterre et l'Argentine qu'il a soudain été excellent. Et je sens que ça vient".
L'Allemagne est à la mi-temps de l'Euro-2012, qu'elle veut gagner. Mais sans son meneur de jeu comme premier de cordée, elle aura du mal à conquérir son Everest.