Des scientifiques ont déterminé que la Terre tourne moins vite qu’auparavant. Le réchauffement climatique et la fonte des glaces en seraient la cause directe.
La Terre ralentit. Un constat qui a poussé les scientifiques à s’interroger. Au terme de leurs recherches, ces derniers en ont conclu que le changement climatique a commencé à modifier la façon dont les humains mesurent l’heure.
Mais il peut être difficile de déterminer en quoi le réchauffement climatique et le mouvement de la Terre sont liés. En réalité, la vitesse de rotation de la Terre est affectée par le mouvements du noyau liquide de la planète. La fonte des glaces impacterait donc ce qui est appelé «la seconde intercalaire» retardant la rotation de la planète, selon l’analyse de Duncan Agnew, géophysicien à l’Institut d’océanographie de Californie, parue dans la revue Nature.
En clair, il faut savoir que depuis 1967, on mesure l’heure en fonction du temps universel coordonné (TUC), une référence et échelle de temps utilisée comme base dans le monde entier. Il est calculé à partir de ce que l’on appelle l’horloge atomique internationale, qui donne l’heure dans le monde.
Le TUC est aussi lié au temps astronomique, lui-même calculé avec la vitesse de rotation de la Terre. Mais cette rotation n’étant pas constante, une seconde intercalaire a été ajoutée au temps atomique en 1972. Son but ? Rapprocher l’heure officielle des horloges atomiques avec celle basée sur la vitesse de rotation instable de la Terre. Cet ajout intervient lorsque le décalage entre les deux standards atteint 0,9 seconde, le dernier en date remontant à 2016.
Supprimer la seconde intercalaire d’ici à 2035
La rotation de la Terre fait que le temps astronomique pourrait dépasser le temps atomique, provoquant ainsi une seconde «négative». Une notion encore inconnue qui a tendance à inquiéter les scientifiques, d’autant plus que les programmes informatiques qui intègrent les secondes intercalaires supposent qu’elles soient «toutes positives».
L’idée est donc de supprimer la seconde intercalaire d'ici à 2035. Cela impliquerait de laisser la différence entre l’heure atomique et la rotation de la Terre s’accroître jusqu’à une minute.
Les effets de la fonte des glaces
«Nous ne savons pas comment gérer une seconde manquante (…) c’est pourquoi les météorologues sont inquiets», a expliqué Felicitas Arias, ancienne directrice du département du temps au Bureau international des poids et mesure à Sèvres, en France.
Depuis les années 1990, la fonte des glaces ralentit grandement la rotation de la Terre, au même titre que les effets de marée de la Lune et du Soleil. «Lorsque la glace fond, l’eau se répand sur l’ensemble de l’océan […] ce qui modifie la répartition des fluides à la surface et à l’intérieur de la Terre», a précisé Duncan Agnew.
Toutefois, l'effet ralentisseur de la fonte des glaces n’a rien de nouveau. Cela avait déjà été constaté à la fin du XIXe siècle et est calculé depuis les années 1950. Mais au travers de son étude, Duncan Agnew souhaite «montrer l’ampleur» de cet impact sur la rotation de la Terre, «un changement encore jamais vu», selon lui. Concrètement, ce phénomène pourrait reporter un éventuel passage à la seconde négative à l’année 2029, contre 2026 dans le cas où les effets du réchauffement climatique auraient été moindre.