Depuis le mois de novembre, plusieurs dépressions se sont succédé sur l'Hexagone. De Ciaran à l'actuelle Irène, en passant par Domingos, Frederico ou encore le phénomène «Moscou-Paris», à chaque dégradation météorologique, une baisse significative des températures et un froid glacial sont enregistrés. Ces derniers sont provoqués par un seul et unique phénomène appelé : le vortex polaire.
Hormis les dépressions ayant frappé les différents départements depuis la mi-novembre, les premières semaines de 2024 ont été marquées par le passage du phénomène «Moscou-Paris» en France, apportant un froid glacial et provoquant une chute brutale des températures.
Et comme cela ne suffisait pas, une autre dépression atlantique nommée Irène a fait son apparition dans notre pays ce mardi soir. À son tour, elle a marqué le grand retour de la neige en quantités «significatives» dans certains endroits et a fait chuter le mercure.
Ces épisodes et coups de froid n’ont rien d’anormal et s’expliquent par le fonctionnement de ce que l’on appelle «le vortex polaire», un phénomène qui décrit chaque dépression qui se forme chaque hiver au-dessus des pôles Nord et qui peut engendrer des vagues de froid.
En effet, les masses d'air froid tourbillonnent au-dessus des cercles Arctique et Antarctique et peuvent, certaines fois, faire descendre le froid de la stratosphère vers la Terre.
2022 ended with a shiver, but the start of 2023 broke a sweat.
This weather whiplash may have been caused by changes in the polar vortex, the band of strong westerly winds over the Arctic. Details: https://t.co/gnOAqDOncS pic.twitter.com/4QDmgsNsE5— NASA Earth (@NASAEarth) January 5, 2023
Sur cette modélisation de la Nasa, ci-dessus, on distingue les différences de température «en surface», sur la période allant de fin décembre 2022 à début janvier 2023.
Se distinguent alors deux types de vortex polaire. Le vortex polaire stratosphérique stable, qui va contenir les masses d'air en haute altitude autour de 30km de distance de la surface terrestre, et le vortex polaire stratosphérique fluctuant, qui lui, en raison des changements de températures, a tendance à se déformer et à laisser un air froid redescendre.
Des avis contradictoires
Pour autant, le lien de cause à effet entre le vortex polaire et l'apparition des épisodes de grand froid est débattu entre les spécialistes, et plusieurs études sont menées pour vérifier les effets de ce phénomène sur le thermomètre.
La Nasa a partagé le travail de Judah Cohen, chercheur invité au Massachusetts Institute of Technology et prévisionniste à l'Atmospheric and Environmental Research (AER), qui défend l'idée d'une causalité.
Dans cette étude datant de 2021, le scientifique et son équipe «ont établi un lien entre le déclin de la banquise arctique dans les mers de Barents et de Kara et l'augmentation des chutes de neige en Sibérie, tous deux liés au changement climatique, et une augmentation des perturbations des vortex polaires et des vagues de froid aux latitudes moyennes».
De son côté, le météorologue français Guillaume Séchet a nuancé le lien entre perturbation du vortex polaire et apparition d'une vague de froid, prenant l'exemple de l'Hexagone. «Le vortex polaire sur le nord de l'Atlantique favoriserait un courant océanique perturbé sur la France, advectant bien plus facilement de l'air doux que de l'air froid», a écrit le spécialiste, prenant en compte des résultats de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique.
Ceci étant, un affaiblissement du vortex polaire Arctique pourrait être constaté début février, sans pour autant en affecter les températures, qui devraient remonter sur les prochaines semaines, d'après Météo-France.