Et si les poissons étaient triés avant même de remonter dans les chalutiers ? Voici l'idée mise en œuvre par l'Ifremer, qui teste actuellement au large du Morbihan des «filets intelligents» afin de mieux préserver la faune marine.
Surnommé Game of Trawls («trawl» signifiant «chalut» en Anglais), ce projet a permis de concevoir un chalut doté de caméras, de capteurs et de puissants logiciels d'analyse. Le dispositif permet ainsi d'informer le pêcheur en temps réel des espèces capturées, de leur taille et de leur abondance.
«Un chalut c'est comme une grande épuisette, on la remorque derrière le navire pendant plusieurs heures sans avoir connaissance de ce qui y entre en temps réel, à savoir est-ce que ce sont des espèces qui sont ciblées par le pêcheur ou non», explique ainsi Julien Simon, du Laboratoire de technologie et biologie halieutique de l'Ifremer.
Limiter l'impact sur les fonds marins
«Cela ne m'intéresse pas d'avoir le poisson sur le pont et de le trier une fois qu'il est mort, je préfère le trier sur le fond. Avec un tel dispositif on sait à tout moment ce qui rentre dans le filet, la taille du poisson et l'espèce, et si l'espèce ne nous intéresse pas on peut ouvrir une trappe», souligne auprès de l'AFP Eric Guygniec, à la tête de l'armement breton Apak et partenaire du projet.
Parallèlement, l'Ifremer teste également un filet pélagique, évoluant entre la surface et le fond sans entrer en contact avec celui-ci, également doté de caméras et de capteurs, à Lorient. L'idée ici étant de préserver au mieux l'écosystème marin. «En fonction de la présence d'espèces ciblées ou non ciblées, le chalut va se mettre en mode pêche ou en mode vol afin d'éviter d'avoir un impact sur les fonds marins», explique Julien Simon. Mais si cette nouvelle technologie semble prometteuse, la question de son coût et de sa rentabilité pour un pêcheur reste, pour l'heure, une question en suspens.