Avec sa loi révolutionnaire votée à l’unanimité par le Sénat et approuvée par la Chambre des députés ce mercredi 29 septembre, le Chili est devenu la première nation au monde à réviser sa Constitution au sujet des droits du cerveau. But affiché des autorités : protéger les citoyens chiliens des technologies souhaitant interférer sur leur santé mentale.
L’objectif de cette réforme est simple : préserver l’intégrité psychologique des citoyens chiliens en évitant qu’un individu ou une entreprise ne puisse, via le développement d’une nouvelle technologie sur le cerveau humain, «augmenter, diminuer ou perturber cette intégrité individuelle sans le consentement approprié».
Inédita en el mundo:
Aprobada y lista para ser ley nuestra reforma Constitucional que protege los #neuroderechos. Estamos felices de que este sea el inicio de una evaluación a nivel planetario de cómo las tecnologías deben ser utilizadas para el bien de la humanidad. pic.twitter.com/K2oLngmCLg— Guido Girardi (@guidogirardi) September 29, 2021
Cette phrase, extraite du discours du sénateur de l’opposition Guido Girardi à la tribune, est lourde de sens car elle devrait servir d’exemple à de nombreux autres pays à ce sujet. «Nous sommes heureux que ce soit le début d'une évaluation au niveau mondial sur comment les technologies doivent être utilisées pour le bien de l'Humanité», a détaillé l’homme politique dans un extrait diffusé sur Twitter.
Longtemps perçu comme futuriste ou relevant du domaine de la science-fiction, la neurotechnologie avance pourtant à grands pas ces dernières années. Selon Rafael Yuste, expert du Brain Project au Chili cité par Courrier International, cette technologie est à «1 ou 2années de décoder nos pensées et probablement 5 ou 10 ans de pouvoir modifier nos pensées et notre comportement».
Des résultats bluffants sur Un singe
Cette loi novatrice vient donc mettre des barrières à une utilisation malsaine de cette technologie. «Cela signifie que notre libre arbitre est en danger. Si quelqu’un peut manipuler ou contrôler votre esprit, ou y introduire des idées qui ne sont pas les vôtres, vous perdez votre liberté d’être humain», a conclu Guido Girardi.
La start-up Neuralink, cofondée par le milliardaire Elon Musk, travaille actuellement sur des implants cérébraux ayant déjà fait leurs preuves sur un singe en avril 2021. L’animal arrivait à jouer au jeu Pong sans manette, juste en contrôlant les mouvements de raquette avec sa pensée grâce à l’implant retransmettant les signaux neurologiques émis par son cerveau.
A l’inverse, utilisée de façon positive, la neurotechnologie est capable de faire des miracles, comme permettre aux malades atteints d’Alzheimer de retrouver la mémoire ou d’aider les personnes incapables de marcher et de parler.