Voilà une prouesse chimique qui a de quoi laisser les esprits novices un peu perplexes. Des scientifiques de l'Université d'Edimbourg, en Ecosse, sont parvenus à créer de l'arôme de vanille... à partir de bouteilles en plastique.
La recherche avait déjà rendue possible la dégradation de ces déchets, grâce à des enzymes mutantes qui décomposent le plastique en acide téréphtalique (TA). C'est cette dernière substance que les chercheurs d'Edimbourg ont converti en vanilline, à l'aide de bactéries E coli modifiées.
A new way of tackling the growing issue of #plasticpollution…@Wallace_Lab took a #plastic bottle off the street & transformed it into vanillin using #bacteria
Amazing work published in @green_rsc by @JoSadler10 @Dr_StephenW https://t.co/teCvfQTJpz pic.twitter.com/2AjhJRfIjw— Biology at Edinburgh (@SBSatEd) June 10, 2021
Selon l'étude publiée dans la revue Green Chemistry, les scientifiques ont réchauffé un bouillon microbien à 37°C pendant toute une journée pour obtenir ce résultat. Interrogé par le Guardian, Stephen Wallace, l'un des chercheurs, explique qu'ils ont ainsi reproduit des conditions semblables à celle du brassage de la bière.
Au terme de ce traitement, 79% de l'acide téréphtalique avait été transformé en vanilline. C'est la toute première fois qu'un produit chimique précieux est créé à partir de déchets plastiques. Cet arôme de vanille est largement utilisé dans les industries alimentaires, cosmétiques mais aussi pharmaceutiques.
La demande mondiale est en croissance et dépasse largement l'offre de gousses de vanille naturelle. Si bien qu'à l'heure actuelle, 85% de la vanilline est synthétisée à partir de produits chimiques dérivés de combustibles fossiles.
Favoriser le recyclage
Le fait de pouvoir l'obtenir à partir de déchets plastiques est particulièrement intéressant, sachant que ces derniers perdent environ 95% de leur valeur en tant que matériau après une seule utilisation. La possibilité de les transformer en un produit recherché par les industriels favorise donc l'économie circulaire, mais aussi le recyclage.
En effet, ce dernier devient plus attrayant s'il permet de produire une substance de valeur. Actuellement, seuls 14% des bouteilles en plastique vendues dans le monde, environ un million chaque minute, sont recyclées. Alors même qu'elle représentent le deuxième type de pollution plastique le plus courant dans les océans, après les sacs.
Avec cette nouvelle découverte, les chercheurs espèrent donc faire un pas déterminant dans la préservation de l'environnement. De retour à la tâche, ils travaillent désormais à améliorer le taux de conversion, non seulement pour transformer de plus grandes quantités de plastique, mais aussi pour produire d'autres molécules précieuses, dont certaines utilisées en parfumerie.