De quoi briser certaines idées reçues, et donner des arguments aux moins motivés. Un anthropologue spécialiste de l’évolution a réuni dans un livre les résultats de ses travaux, selon lesquels multiplier les heures de footing ne ferait pas perdre de poids.
Pour cela, Herman Pontzer, professeur de l’université de Duke (Caroline du Nord, Etats-Unis), a étudié une tribu de chasseurs-cueilleurs en Tanzanie, les Hazda. Les hommes adultes courent en moyenne 14km par jour pour trouver leur nourriture.
Par un procédé, il a calculé via leurs urines la quantité de dioxyde de carbone qu’ils produisent. Soit l’énergie utilisée par leur corps (le dioxyde de carbone est relâché dans le sang par les organes, les muscles, lorsqu’ils sont actifs).
Ce faisant, le scientifique a remarqué que malgré leur très grande activité physique, l’énergie qu’ils dépensent (par rapport à leur masse corporelle) est sensiblement identique à un adulte de nos sociétés, beaucoup plus sédentaire.
En d’autres termes, courir de grandes distances tous les jours ne ferait pas brûler plus d’énergie que le fait de mener une vie moins sportive.
Une énergie redirigée où le corps en a besoin
Herman Pontzer explique dans son livre Burn qu’un tel résultat s’explique par le fait que 60% des calories brûlées par notre corps le sont au repos. Elles sont utilisées par les muscles et les organes pour les tâches quotidiennes, et notamment par le cerveau, puisque l’hypothalamus est le principal brûleur de calories. Il s’occupe de ce que l’on ne voit pas, comme par exemple le fonctionnement de notre système immunitaire, la régulation de notre température corporelle ou la sécrétion d’hormones.
Or, selon l’anthropologue, lorsqu’une personne fait du sport, une partie de l’énergie utilisée par le cerveau est, pour résumer, redirigée vers les muscles et les parties du corps qui servent à l’exercice. C’est pour cela, par exemple, que le système immunitaire réagit beaucoup moins au stress lorsque le corps est mobilisé par une activité sportive. La production d’hormones est également réduite. L’étude pointe d’ailleurs que les Hazda ont un taux de testostérone deux fois plus faible que les hommes de nos sociétés.
Si ces résultats montrent que le sport en lui-même ne permet pas de grosse perte de poids, car l’énergie globale utilisée par notre corps (et donc les calories brûlées) reste stable quel que soit le niveau d’activité pratiqué, il est néanmoins important de rappeler que se dépenser physiquement est primordial.
Cela permet le bon fonctionnement du cœur et du corps en général, en faisant baisser la tension artérielle ou en gardant les muscles et les os en formes. Les bienfaits pour la santé mentale sont également prouvés.
En résumé, si le sport ne fait pas spécialement maigrir, il permet cependant de vivre plus longtemps, et mieux.