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Exposée aux pesticides durant la grossesse : après la mort de sa fille, une fleuriste déboutée par la justice

Laure Marivain a été exposée aux pesticides durant sa grossesse, lorsqu'elle travaillait comme représentante en fleurs pour un grossiste. [©Mauricio DUENAS/AFP]

Exposée aux pesticides durant sa grossesse, une fleuriste, Laure Marivain a vu sa fille, Emmy, mourir à 11 ans d'un cancer. La cour d'appel de Rennes a débouté, ce mercredi 4 décembre, sa demande de réparation.

Avant de mourir, Emmy, 11 ans, a fait promettre à sa mère, Laure Marivain, de se battre. Décédée d'une leucémie en mars 2022, cette petite fille a été la première enfant dont la mort a été reconnue par le Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides (FIVP), en lien avec l'exposition de sa mère durant la grossesse. Depuis, sa famille tentait de faire reconnaître ce préjudice par la justice mais, cette demande a été débouté ce mercredi 4 décembre par la cour d'appel de Rennes.

En effet, en octobre dernier, Laure Marivain avait porté sa demande devant la cour d'appel de Rennes (Ille et Vilaine) afin de contester la proposition d'indemnisation faite par le Fonds d'indemnisation des victimes de pesticides (FIVP). 

La cour a déclaré «irrecevables les demandes» des parents «agissant en qualité de représentants légaux de leur fille mineure». En revanche, elle confirme leur indemnisation «à la somme de 25.000 euros chacun en réparation de leur préjudice moral», qui leur avait été proposée par le FIVP.

En effet, le Fonds a reconnu le lien de causalité entre le cancer d'Emmy et son exposition prénatale aux pesticides dans le cadre du métier de fleuriste de sa mère, mais son offre d'indemnisation ne concerne que les parents de l'enfant. La famille estime que le préjudice subi par Emmy elle-même n'est pas reconnu.

La cour a également fixé «l'indemnisation des frais d'obsèques à 2.500 euros».

des premiers signes dès le début de sa grossesse

Interrogée par la cellule d'investigation de Radio France, Laure Marivain a expliqué qu'elle travaillait comme représentante en fleurs pour un grossiste lorsqu'elle est tombée enceinte d'Emmy, fin 2009. Au contact des végétaux quotidiennement, elle a rencontré des difficultés dès le début de sa grossesse, la mère et la fille peinant toutes deux à prendre du poids.

A la naissance, le placenta d'Emmy était «tout noir» et ses bilans étaient si mauvais que l'équipe médicale a interrogé Laure Marivain sur une éventuelle consommation de drogue, elle qui affirme n'avoir jamais fumé ni bu d'alcool.

Emmy a par la suite grandi normalement jusqu'à ses 3 ans, lorsqu'elle a commencé à montrer des signes de grande fatigue et à se plaindre de violentes douleurs osseuses. Le diagnostic est alors tombé : la petite fille est atteinte d'une leucémie aiguë lymphoblastique B qui, après de courtes périodes de rémission et plusieurs rechutes, a fini par l'emporter.

Les fleuristes plus exposés que les agriculteurs

Laure Marivain dit avoir commencé à mener son enquête au moment de la troisième rechute de sa fille. Elle a découvert que le problème des résidus de pesticides sur les fleurs coupées avait déjà fait l'objet de nombreuses études.

L'une d'entre elles, réalisée en Belgique, démontre précisément le risque encouru par les fleuristes. En contrôlant l'urine de 42 de ces professionnels, les scientifiques ont souligné le fait qu'ils sont exposés à des niveaux de pesticides bien supérieurs au niveaux considérés comme sûrs pour les travailleurs.

Selon Bruno Schiffers, docteur honoraire à l'université de Liège (Belgique), qui a piloté cette étude, «le risque pour les fleuristes est même plus important que celui encouru par les agriculteurs, car ils sont exposés à un cocktail de très nombreux pesticides, avec un nombre de substances très élevé sur chaque bouquet, y compris des substances interdites en Europe.»

En effet, 85% des fleurs vendues en France sont produites à l'étranger et il n'existe pas de réglementation européenne pour fixer des limites maximales de résidus de pesticides les concernant. Face à la justice, Laure Marivain dénonce un «empoisonnement» qui a coûté la vie à Emmy.

«Tout le monde sait, mais personne ne fait rien, accuse-t-elle. Et pendant ce temps, il y a des familles qui prennent perpète. Car personne ne nous rendra jamais notre fille. Moi je ne travaille plus au contact des fleurs, mais je suis toujours en lien avec les artisans. Je ne veux surtout pas les pointer du doigt, mais au contraire les protéger».

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