Un rapport des ONG Bloom et Foodwatch a révélé ce mardi 29 octobre une large contamination au mercure du thon en conserve. La grande distribution et les pouvoirs publics sont sommés de «prendre des mesures d’urgence».
Attention, 100% des boîtes de thon en conserve sont contaminées au mercure, a révélé une étude des ONG Bloom et Foodwatch ce mardi 29 octobre.
«Bloom a sélectionné aléatoirement 148 boîtes de conserve dans cinq pays européens (France, Allemagne, Angleterre, Espagne et Italie) et les a fait tester par un laboratoire indépendant», peut-on y lire.
L'association de défense de l'environnement indique que plus d'une boîte sur deux dépasse la limite maximale de teneur en mercure fixée pour d'autres espèces de poissons, soit 0,3 mg/kg.
Du poison dans le thon ! @Bloom_FR et @foodwatchfr alertent sur la contamination généralisée du #thon au #mercure. Les supermarchés doivent retirer le poison de leurs rayons : notre santé est en jeu ! Signez notre pétition #StopMercure https://t.co/7KxsSatbbn pic.twitter.com/iCqtXMfy1s
— foodwatch France (@foodwatchfr) October 29, 2024
«Les teneurs maximales en mercure du thon aujourd'hui en vigueur en Europe ont été établies en fonction du taux de contamination des thons constaté et non en fonction du danger que représente le mercure pour la santé humaine, afin d'assurer la vente de 95% des thons», a relevé l'enquête.
En France, c'est la marque «Petit Navire» qui est particulièrement pointée du doigt. Une de ses boîtes affiche une teneur de 3,9 mg/kg. L'entreprise a réagi, assurant que «la consommation de produits Petit Navire est parfaitement sûre pour les consommateurs» puisqu'ils sont «conformes aux réglementations françaises et européennes en vigueur».
S'agissant du thon, la réglementation européenne impose un seuil maximal de mercure de 1mg/kg sur la matière première. Petit Navire dit effectuer des contrôles réguliers, «270 au cours des trois dernières années», dont les résultats «sont en moyenne compris entre 0,2 et 0,3 mg/kg, soit 70 à 80% de moins que la limite autorisée».
De leur côté, Bloom et Foodwatch soulignent le fait que les quantités ont été fixées à 1 mg/kg pour le «poids frais» et non le produit fini, dans la conserve. Par conséquent, le thon «se voit attribuer une tolérance maximale en mercure trois fois plus élevée que celle des espèces les moins contaminées».
Un appel à renforcer la réglementation
Les ONG estiment qu'«aucune raison sanitaire ne justifie cet écart» puisque «le mercure n'est pas moins toxique s'il est ingéré via du thon, seule la concentration de l'aliment en mercure compte».
Notamment présent dans les dépôts atmosphériques provenant des centrales à charbon, le mercure est classé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) parmi les dix substances les plus dangereuses pour la santé publique.
«Le mercure élémentaire et le méthylmercure sont toxiques pour les systèmes nerveux (...); des troubles neurologiques et comportementaux peuvent être observés après exposition», indique l'organisation.
«Nous exigeons que les pouvoirs publics renforcent la réglementation et, sans attendre, que les distributeurs ne commercialisent que des produits en dessous du seuil le plus protecteur», a déclaré Camille Dorioz, directeur des campagnes chez Foodwatch.
Dans leur rapport, les deux ONG somment les pouvoirs publics et la grande distribution de «prendre des mesures d’urgence», dont l'abaissement des limites autorisées. La Commission européenne est par ailleurs appelée à s'aligner sur la teneur maximale la plus stricte (0,3 mg/kg), fixée pour d'autres espèces.