Selon un rapport de l'ONU, l'obsession de notre société pour la croissance économique favorise les troubles de la santé mentale, créant une «économie du burn-out» et «des pertes de l'ordre de mille milliards de dollars par an».
Notre société subit une crise de la santé mentale dans le monde, selon un rapport de l'ONU présenté ce jeudi 24 octobre à New York. Le document pointe l'obsession de la croissance économique comme principal facteur et déplore que les plus défavorisés soient également les plus touchés.
Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme et l'extrême pauvreté parle d'une «économie du burn-out» et qualifie cette quête obsessionnelle de l'augmentation du PIB de «croissancisme».
«La mode est à la promotion de sociétés obsédées par la croissance, qui se caractérisent par un climat de compétition et de course à la performance, entraînant un sentiment d'anxiété liée au statut et poussant à la dépression les travailleurs et travailleuses qui ne parviennent pas à répondre aux attentes irréalistes de ce que signifie vivre une vie productive», écrit-il.
To break the vicious cycle between #poverty & #MentalHealth Govs. must put people’s well-being above GDP growth.
Tomorrow 24 October I'll be taking this call to the @UN #UNGA79.
Watch my live presentation (time tbc): https://t.co/6SBcFTSvAp#BurnoutEconomy #BeyondGrowth pic.twitter.com/nMHKQ1HdLk— UN Special Rapporteur on poverty and human rights (@srpoverty) October 23, 2024
Pour sortir de cet engrenage, il faut «accorder une plus grande place au bien-être qu'à la quête sans fin de croissance économique», selon lui. Cela implique de ne pas se contenter de «traiter les symptômes» mais d'«aller au-delà d'un simple soutien médical à ceux qui font face à la dépression, à l'anxiété».
D'après ce rapport, l'économie «fait maintenant pression sur les gens» et en particulier sur les plus pauvres. Le document note un «cercle vicieux» entre pauvreté et problèmes de santé mentale, la première pouvant être à la fois source et résultat des seconds.
970 millions de personnes touchées dans le monde
Non seulement les plus défavorisés font face à une plus grande «charge mentale» pour s'assurer une vie décente mais il sont aussi confrontés à la stigmatisation et n'ont pas les moyens d'être traités pour les problèmes mentaux qu'ils pourraient rencontrer.
Dans leur situation, ils sont plus prompts à accepter une «charge de travail élevée», des «exigences de productivité accrue» et même un «manque de contrôle sur l'exécution des tâches».
D'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS) quelque 970 millions de personnes dans le monde sont touchées par des problèmes de santé mentale. Ces troubles «entraînent des pertes de l'ordre de mille milliards de dollars par an, la dépression étant le principal facteur de mauvaise santé et d'invalidité».
Pour rompre ces «cercles vicieux», Olivier de Schutter recommande de lutter contre les inégalités, notamment grâce à un «revenu de base inconditionnel», mais aussi de mieux prendre en compte les risques psychosociaux au travail.