En ce mois d’Octobre Rose, une association se démarque par sa pratique : la reconstruction de l’aréole du sein à la suite d’une mastectomie. Un travail de tatouage en 3D qui devrait être remboursé par la sécurité sociale, selon elle.
Ils ne sont que 40 professionnels à proposer ce service dans le monde. Comme chaque année, le mois d’octobre marque Octobre Rose, la campagne de sensibilisation du cancer du sein, qui touche chaque année des dizaines de milliers de femmes. Selon la Ligue contre le cancer, 20.000 femmes ont recours à une mastectomie - l'ablation partielle ou totale du sein.
Mais pour la plupart d’entre elles, la perte d’un ou des deux seins n’est pas chose facile. Psychologiquement, cela peut grandement les impacter, ces dernières ayant l’impression d’avoir perdu une grande part de leur féminité. C’est là qu’entre en jeu l’association AAFRA (Association artistes aréoles France), créée il y a tout juste un an par trois spécialistes du paramédical.
L’une d’elle, Noélia Meyblum, tatoueuse depuis onze ans et experte en tatouage de l’aréole depuis six ans, est basée à Montpellier. «Mais nous sommes un peu partout. L’une d’entre nous est de Grenoble, une autre de la région parisienne. Et nous avons d’autres membres du collectifs basés ailleurs, comme à Strasbourg ou à Paris», détaille pour CNEWS Noélia Meyblum.
«Des clientes ne viennent pas pour une reconstruction mais pour être soignées»
Cette association, créée dans le but d’aider les femmes anciennement malades à retrouver de leur féminité, est née d’un manque d’information. «Très peu de gens dans le monde, et surtout en France, étaient au courant qu’il était possible de faire une reconstruction de l’aréole après une mastectomie», appuie la professionnelle, formée à Los Angeles. Car oui, cette formation spéciale ne se fait pas de partout.
Et malheureusement, de nombreux tatoueurs classiques prennent le risque de se lancer dans cette reconstruction, à tort. «Vous n’imaginez pas le nombre de clientes qui viennent non pas pour se faire reconstruire l’aréole, mais pour se faire soigner du mauvais traitement subi par ces pseudos professionnels», déplore la tatoueuse. En effet, d’après elle, ils ne sont que 40 dans le monde entier à avoir bénéficié d’une réelle formation.
Entre 400 et 500 euros le tatouage définitif
«Il s’agit d’une problématique mondiale», martèle Noélia Meyblum. Et de poursuivre : «Souvent ce sont des personnes en reconversion professionnelle qui se lancent dans cette pratique. Ou bien les salons d’esthétique qui proposent du maquillage permanent. Mais ces personnes-là sont formées en deux voire trois jours, alors qu’on n’apprend pas à tatouer une peau si fragile et si abîmer en si peu de temps.»
Toutefois, cette alternative à la reconstruction mammaire est d’utilité publique. Suivant les salons et les régions, le tatouage définitif en 3D de l’aréole coûte entre 400 et 500 euros, pour trois sessions étalées sur treize semaines. La seule condition sine qua non pour avoir recours à cette pratique est d’avoir terminé ses séances de radiothérapie ou de chimiothérapie il y a un an minimum.
Quant à l’état de la cicatrice, même trois mois après une chirurgie, «elle parle d’elle-même. Si elle est blanche, elle est prête à être tatouée». Pour l’heure, le tatouage en 3D de la reconstruction de l’aréole n’est pas remboursé par la Sécurité sociale. Les fondatrices de l’AAFRA ont fait une demande auprès de l’organisme et sont encore en attente d’une réponse.
En 2023 encore, 61.214 nouveaux cas de cancer du sein ont été recensés en France, d’après Ameli.