Dans une enquête publiée ce mardi, le syndicat Samu-Urgences de France alerte sur la dégradation de l'offre de soins aux urgences. Cet été, deux services sur trois ont été contraints de fermer au moins une fois.
La tension aux urgences est telle qu'elle mène à une forme de «maltraitance institutionnelle». C'est ce que dénonce le principal syndicat de la profession, Samu-Urgences de France, dans une enquête publiée ce mardi 17 septembre, selon laquelle deux services d'urgence sur trois ont fermé leurs portes au moins une fois cet été.
L'étude a été menée du 1er juillet au 31 août 2024, auprès des services d'urgence, des Samu et des Smur, ces véhicules de réanimation dédiés à la prise en charge des urgences vitales.
Les chiffres montrent que sur les 331 services d'urgence consultés, 202 ont connu la fermeture d'une ligne médicale, c'est-à-dire une équipe de soins, au cours de l'été. Cela représente 61% des répondants, contre 57% en 2023.
J-1, demain @SUdF_Officiel diffuse les résultats de l’enquête été 2024
La VÉRITÉ dévoilée sur la dégradation de l’offre de soins aux urgences
Des propositions concrètes pour sortir de cette situation @Sante_Gouv @MichelBarnier @CaVautrin @fredvalletoux @SFMU_MS pic.twitter.com/fsau3uZJtA— marc NOIZET (@MarcNoizet) September 16, 2024
La situation des Smur est également alarmante puisque près de 80% d'entre eux ont été dans l'incapacité de fonctionner en continu cet été. 174 fermetures de ligne ont été comptabilisées, contre 166 l'an dernier. Dans une dizaine de cas, le secteur couvert a même été «laissé sans aucune réponse Smur» pour les urgences vitales.
En parallèle, 23% des hôpitaux interrogés disent avoir fermé plus de lits de réanimation que d'habitude. Au total, d'après l'enquête, cela représente une perte de 270 lits dans 56 établissements. 65% des hôpitaux ont par ailleurs indiqué avoir fermé davantage de lits que d'ordinaire en médecine, chirurgie ou obstétrique.
La «sécurité sanitaire» en péril
Globalement, un quart des répondants signalent une tension accrue en 2024 par rapport à l'an dernier, ce qui amène le syndicat a dénoncer une «dégradation inexorable». Récurrentes, ces «difficultés majeures de fonctionnement» sont «en lien avec le manque d'effectif soignant», précise l'étude. «Le fonctionnement en mode dégradé est devenu habituel», avec «moins de médecins présents pour accueillir un nombre de patients toujours plus important, moins de médecins dans les Smur, moins de lits pour hospitaliser les patients à partir des services d'urgence».
D'après Samu-Urgences de France, les services sont contraints d'«obliger des patients de plus en plus nombreux à devoir attendre plusieurs heures voire plusieurs jours sur un brancard dans un couloir des urgences, faute de lit disponible pour les hospitaliser». Cette «maltraitance institutionnelle» implique que «la sécurité sanitaire n'est parfois plus assurée, y compris pour l'urgence vitale», s'alarme le syndicat.
Cet été le ministre de la Santé démissionnaire, Frédéric Valletoux, avait pourtant assuré que les choses allaient «un peu mieux que l'an dernier», avec des tensions qui n'étaient «pas aussi fortes». L'enquête de Samu-Urgences de France vient contredire cela, tout comme celle de la Fédération hospitalière de France, selon laquelle 39% des hôpitaux publics dénoncent un fonctionnement estival des urgences dégradé. Seuls 15% notent une évolution dans le bon sens, selon cette autre étude.
Une révision du maillage territorial
Pour «améliorer la prise en charge des patients et maintenir les équipes urgentistes hospitalières», Samu-Urgences de France a formulé 10 préconisations. Parmi elles figure notamment l'interdiction pure et simple d'hospitaliser un patient dans un couloir, en attribuant une place spécifique aux malades non-programmés arrivant des urgences.
Le rapport appelle aussi à une révision du maillage territorial des urgences, en partant du principe qu'il «n'est plus viable de maintenir tous les services». L'idée est de faire évoluer certains d'entre eux en «antenne de médecine d'urgence» tandis que d'autres seraient «regroupés» afin de «consolider les équipes sur des sites facilement accessibles à la population».
Le syndicat demande également aux autorités sanitaires de prendre «un engagement ferme» concernant la prise en charge des urgences vitales, afin que le Smur ne soit plus «utilisé comme variable d'ajustement des effectifs d'urgentistes».