Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 2022 pour les meurtres de Maëlys de Araujo et du caporal Arthur Noyer, Nordahl Lelandais est devenu papa d’un petit garçon il y a deux mois. Il s’agit d’un exemple d’hybristophilie, un désir que certaines personnes ressentent pour des criminels, qu’ils soient tueurs ou violeurs.
C’est un syndrome rare, mais bien existant. Alors que les plus grands criminels, quasi exclusivement des hommes, sont enfermés, parfois à perpétuité, pour des actes aussi terribles qu’un meurtre, un viol ou du terrorisme, ils font parfois l’objet d’une certaine fascination qui conduit des personnes extérieures, le plus souvent des femmes, à leur écrire des lettres enflammées, à aller leur rendre visite en prison, et à aller parfois jusqu’au mariage où à la vie de famille. Il s’agit du syndrome d’hybristophilie.
Vendredi, nous apprenions que Nordahl Lelandais, condamné pour les meurtres de la petite Maëlys et du caporal Arthur Noyer, ainsi que pour l’agression sexuelle d’une petite-cousine, est devenu père il y a deux mois, alors qu'il se trouve en détention. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce phénomène n’est pas rare, surtout dans les affaires médiatisées. Charles Manson, Ted Bundy, Marc Dutroux, Guy Georges et même Salah Abdeslam, ont tous en commun d’avoir reçu de nombreuses lettres de femmes, de colis, de cadeaux.
Un désir salvateur, de notoriété ou d'identification
Plusieurs facteurs peuvent expliquer le développement de cette attirance et donc de ce syndrome. Si ce phénomène n’est pas genré par nature, tous les témoignages existants montrent qu'il touche quasi-exclusivement des femmes. Interrogées par des experts en criminologie, ces dernières présentent souvent les mêmes caractéristiques : elles sont attirées par «le sentiment de toute-puissance qui se dégage de ces hommes» ou encore par leur image de «mâle absolu qui n’a peur de rien».
Par ailleurs, elles décrivent très souvent une volonté de vouloir «sauver le criminel» et de l’encourager sur le chemin de la rédemption. Elles vont souvent croire être «l’unique individu capable de les remettre dans le droit chemin», ce qui est bien souvent un leurre. Globalement, ce syndrome s’acompagne donc d’un mécanisme de déni très important, qui conduit ces femmes à penser que le criminel, grâce à leur relation, ne récidivera plus. Ce syndrome est d'ailleurs parfois appelé syndrome de l'infirmière.
Mais il existe aussi des femmes qui, à l’inverse, se retrouvent dans les pulsions négatives ou agressives du criminel qu’elles «admirent» et qui entament un phénomène d’identification. Cela a notamment été le cas de Monique Olivier, qui est tombée amoureuse du tueur en série Michel Fourniret, grâce à une relation épistolaire, bien avant de devenir sa complice, lorsqu’il était emprisonné pour agressions sexuelles.
Un autre facteur est régulièrement observé chez les femmes atteintes du syndrome d’hybristophilie : la recherche de notoriété par destination. Ces femmes, qui sont souvent fragiles, et parfois marquées par des traumatismes, ou une solitude affective, ont souvent témoigné d’une certaine recherche de partage de la notoriété du criminel qu’elles admirent. Plus le criminel a commis des faits graves, plus sa notoriété est importante, et donc plus l’attirance de ces femmes pour eux est grande. Cela ferait même l’objet d’un fort désir, notamment sexuel, pour certaines.
Plusieurs relations amoureuses pour Nordahl Lelandais
Dans le cas de Nordahl Lelandais, l’identité de la mère de l’enfant n’est pas connue. Incarcéré depuis six ans, le criminel a toujours entretenu des relations «amoureuses» avec des femmes, avec lesquelles il correspond par courrier ou qu'il rencontre dans le cadre de visites dans les unités de vie familiale (UVF), des salons privés permettant aux détenus de recevoir des proches. En avril 2022, l'ancien militaire a été surpris en plein ébat sexuel avec une femme qu'il venait de rencontrer au parloir de la prison de Saint-Quentin-Fallavier (Isère).
Cet incident avait ainsi entraîné son transfert à la maison centrale d'Ensisheim (Haut-Rhin), un établissement pénitentiaire de haute sécurité, «connu» pour avoir accueilli des tueurs en série, à l’instar de Michel Fourniret ou Guy Georges.