Alors que les fêtes de fin d’année approchent à grands pas, les autorités sanitaires tirent la sonnette d'alarme. En cause : la multiplication de plusieurs maladies dans l’Hexagone, de quoi craindre une reprise épidémique importante, qui ne cesse se confirmer en France, notamment de Covid-19.
Les fêtes de fin d’année sont souvent synonymes de réunions familiales. Mais alors que les épidémies hivernales explosent dans l’Hexagone, les autorités sanitaires appellent à la vigilance. Car ce sont au moins cinq maladies qui circulent actuellement, de quoi placer les fêtes de fin d’année à haut risque.
Cette année encore, le Covid-19 ne se montre pas clément. Dans son bulletin du 13 décembre, Santé publique France a indiqué que 1.889 hospitalisations ont été enregistrées durant la 49e semaine de l’année 2023 (du 4 au 10 décembre), dont 32 en service de réanimation.
«Une hausse des indicateurs virologiques issus des tests réalisés en laboratoires de biologie médicale était observée dans toutes les classes d'âge parmi la population qui a été testée. Dans les eaux usées, une forte augmentation de la détection du SARS-CoV-2 était de nouveau observée cette semaine», a noté Santé publique France.
Bien que cette hausse des cas soit importante, celle-ci est toutefois attendue et la situation reste sous contrôle. «On a été protégé pendant quelques années pendant la crise sanitaire, durant laquelle les gens respectaient les gestes barrières et portaient des masques, ce qui a limité un certain nombre de cas. Néanmoins, il y a une pathologie hivernale qui est normale, mais on l’a un peu oublié», a expliqué Dr Robert Sebbag, infectiologue à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (13e arrondissement de Paris), à CNEWS.
En réalité, la circulation du virus ne s’est jamais arrêtée. Concrètement, «elle continuait cet été, mais on vivait à l’extérieur. À partir du moment où l’on se retrouve en période automnale, on vit plus à l’intérieur», a-t-il détaillé.
Puis, on note la présence de nouveaux variants tels que Pirola ou encore JN.1, ce dernier étant dominant dans le pays. Cependant, le Dr Robert Sebbag se veut rassurant. «Grâce à l’immunité collective et à la vaccination, il y a beaucoup de contaminations mais il n’y a pas de formes graves comme ce que nous avions connu à l’époque. On sait que le vaccin n’empêche malheureusement pas la transmission. En revanche, il empêche l’apparition de formes graves et en particulier au niveau pulmonaire», a-t-il martelé.
la grippe circule activement
Outre le Covid, la grippe inquiète également. «En général, les épidémies grippales commencent un peu avant Noël et se prolongent jusqu’à janvier et février. La grippe est à prendre en considération. Il existe un vaccin. Cette maladie peut tuer, en particulier les personnes âgées», a rappelé l’infectiologue.
Durant la première dizaine de décembre, Santé publique France a enregistré une augmentation de cas grippaux en médecine de ville et à l’hôpital. Dans l’Hexagone, la Provence-Alpes-Côte d’Azur est passée en phase épidémique tandis que l’Occitanie, les Hauts-de-France et les Pays-de-la-Loire ont été placées en phase pré-épidémique. Des données qui prouvent que le virus circule activement sur le territoire français.
En plus de la grippe et du Covid-19, on retrouve la bronchiolite. «Tous les hivers, on a des épidémies de bronchiolites», a indiqué Dr Robert Sebbag. Ce virus «touche en particulier les jeunes enfants. (…) Cela peut effectivement toucher aussi les personnes âgées», a-t-il ajouté.
Étendue à l’ensemble de la France hexagonale, la bronchiolite est passée en phase épidémique en Corse. «Cette année, il y a un nouvel anticorps monoclonal qui est actif chez les jeunes enfants. Malheureusement, il y a une rupture d’approvisionnement. Cela explique pourquoi le territoire français est touché aujourd’hui par les bronchiolites», a expliqué l'infectiologue.
Mais les fêtes de fin d’année ne sont pas confrontées uniquement à ces trois virus puisqu’au moment où ces maladies sont assez présentes sur notre territoire, une quatrième a fait son apparition récemment : le mycoplasme. «Cette épidémie concernerait «les jeunes et les adolescents».
«Il ne s’agit pas d’un virus. Il s’agit d’une maladie respiratoire liée à une bactérie qui s’appelle mycoplasme pneumoniae. Elle entraîne des troubles respiratoires, de la fièvre, de la toux et parfois même des formes plus sévères. C’est aussi une bactérie pour laquelle on a des antibiotiques qui sont actifs», a déclaré Dr Robert Sebbag à CNEWS.
Des rhinovirus et coronavirus présents en France
Assez discret dans sa circulation, le pneumocoque peut également perturber les fêtes de fin d’année. «C’est une bactérie qui peut toucher les personnes âgées et qui peut entraîner des pneumonies et des formes relativement sévères. Cette bactérie existe toujours en particulier chez les personnes âgées». Heureusement, des vaccins extrêmement efficaces ont été développés pour faire face à cette bactérie.
«On pourrait rajouter d’autres rhinovirus et coronavirus, qui n’ont rien à voir avec le Covid-19. Comme il s’agit de maladies respiratoires, la transmission est facile. Il n’est pas question de remettre le masque pour tout le monde. Il faut que les gens, dès qu’ils ont un petit rhume ou qu’ils se retrouvent dans les transports en commun ou dans des salles de cinéma, portent le masque. Ce n’est pas une obligation. Mais, on est quand même sur une recommandation», a précisé l’infectiologue.
Pour passer une bonne fin d’année sereinement, Robert Sebbag conseille de bien se protéger et protéger les autres en portant le masque dès le moindre symptôme et de se faire vacciner, notamment contre la grippe. «En 2023, on a beaucoup moins de personnes vaccinées que les autres années. Cela me fait un petit peu peur, en particulier dans les Ehpad où le taux de vaccination n’est pas très élevé», a-t-il réagi.
Pour autant, on reste quand même sur une situation assez gérable dans les hôpitaux malgré la multiplication des cas de Covid-19, de grippe et de bronchiolite. «On a une augmentation de cas et des formes respiratoires dans les services d’urgence et dans les hôpitaux. (…) On n’est pas sur quelque chose de dramatique. En ce qui concerne la grippe et le Covid-19, pour les personnes à risques, je recommande la vaccination», a conclu l’infectiologue.