En direct
A suivre

Journée mondiale de la santé mentale : ces signes méconnus de la dépression qui doivent alerter

Certains signaux de la dépression sont aux antipodes de ceux communément admis, et sont alors difficilement détectés par les proches. [PHILIPPE HUGUEN / AFP]

À l'occasion de la journée mondiale de la santé mentale ce jeudi 10 octobre, il est nécessaire de rappeler plusieurs signes méconnus de la dépression, bien éloignés des symptômes communément admis dans l'imaginaire collectif.

En cette journée mondiale de la santé mentale jeudi 10 octobre, le Premier ministre Michel Barnier est en déplacement dans la Vienne. Accompagné de la ministre de la Santé Genevieve Darrieussecq, le chef du gouvernement prévoit d'échanger avec professionnels de santés et patients, sur le sujet dont il affirme vouloir faire la grande cause nationale de l'année 2025.

Bien des idées reçues existent sur la dépression et ses signaux. À son évocation, on pense inévitablement au registre de la tristesse, de l’isolement, des pleurs, et de la négligence.

Mais certains symptômes se manifestent aux antipodes des signaux communément admis. Ils sont alors difficilement détectés par les personnes non-sensibilisées, qui passent parfois à côté du mal-être d'un proche.

UN CHANGEMENT SOUDAIN DE COMPORTEMENT

Beaucoup de troubles dépressifs ne sont pas si visibles que ça, dans le processus qui va conduire une personne à un cet état. Et pour cause, les changements se font de manière progressive pendant des semaines et des mois, les rendant moins visibles. «Les proches peuvent se sentir très vite coupables de ne pas s’en être rendu compte plus tôt», constate la psychologue Hélène Romano. 

La difficulté réside aussi dans le fait que les personnes en dépression vont rarement solliciter de l’aide en première intention, alors qu’elles pourraient être prises en charge lorsqu’elles en sont encore au stade de troubles dépressifs (NDLR : à ne pas confondre avec la dépression, elles refusent de l’aide, banalisent leur état et sont dans le déni).

«Lorsqu’on les voit en consultation, c’est souvent à la demande des proches, ou parce qu’ils ont fait des passages à l’acte (tentative de suicide, état d’ébriété, etc.)», selon la psychologue.

LE «JEU TRAUMATIQUE» CHEZ LES ENFANTS

Le jeu, comme indicateur de l’état psychologique d’un enfant, est très méconnu des parents et des professionnels. Pourtant, regarder un enfant jouer donne beaucoup d’informations sur son niveau de développement, et son mode de relation.

Le jeu traumatique est l’un des signaux qui peuvent alerter l’entourage d’un enfant. L’enfant déprimé ne joue plus ou joue à des jeux déroutants ou tristes, de façon répétitive et compulsive.

«Une de mes patientes était une enfant en CP dont la maman est morte d’un cancer. Lors d’un anniversaire, elle avait proposé à ses camarades de jouer à la chimio. Il y avait donc une poupée Barbie, dont il fallait couper les cheveux et les enterrer», s’est souvenue Hélène Romano. 

«Cette petite fille essayait de gérer sa souffrance et sa peine par rapport à la perte de sa maman, face au déni d’une famille qui niait sa douleur psychique, en pensant à tort qu’elle était trop jeune, et qu’elle n’avait pas compris ce qu’il s’était passé», a-t-elle poursuivi.

 

 

Les enfants vont parfois passer par le jeu pour essayer d’intégrer un évènement ou une situation traumatisante, par laquelle ils sont dépassés. Ils vont alors remettre en scène ces évènements dans lesquels ils sont bloqués.

Les excès

En psychologie, on parle de conduites d’isolement internalisées - la plus communément admise - et de conduites d’isolement externalisées. 

Elles se manifestent alors par des excès (fêtes, achats, jeux, etc.), beaucoup plus bruyants et voyants, mais dont on ignore la dimension dépressive : «Cela peut masquer l’attention que l’on va porter à la personne, car on la voit très excitée, désinhibée par ce qu’elle a ingéré etc. C’est la raison pour laquelle les signes ne sont pas toujours ceux que l’on connaît comme la tristesse, la peine, la douleur», indique la psychologue Hélène Romano. 

D’autres personnes vont faire des achats excessifs, ou par exemple multiplier les opérations de chirurgie esthétique, dans des conduites dysmorphophobiques, derrière lesquelles se cache souvent une grave dépression. On est alors loin de l’image courante de la personne dépressive qui ne parvient plus à prendre soin d’elle.

LES addictionS

«Les gens se mettent en retrait des autres et de la vie, mais parfois de façon paradoxale, le retrait peut se manifester par un comportement addictif, par des prises de toxines diverses et variées, qui peuvent donner l’impression que la personne a une vie très heureuse», selon Hélène Romano. 

Comme pour les excès, ces comportements ne sont pas vus comme un isolement délibéré, mais peuvent, à terme, conduire une personne dépressive dans une situation de rupture sociale.

Un sous ou surinvestissement à l’école

On a souvent tendance à penser que les enfants déprimés ne travaillent plus ou ne s’investissent plus à l’école. Si cela peut s'avérer vrai pour certains enfants, d’autres vont prendre le courant inverse.

La chute des notes scolaires n’est pas toujours un signe de dépression, et certains enfants dépressifs se surinvestissent à l’école pour lutter contre leurs pensées noires.

«Ils vont être très impliqués car cela leur permet de lutter contre un effondrement. Mais lorsqu’on leur demande leurs projets, il n’y a aucun plaisir. Ils n’aiment pas l’école, mais peuvent être très bons scolairement», explique Hélène Romano.

«Ça peut être une porte d’entrée pour les professeurs car il y a souvent un décalage entre les résultats scolaires, et le relationnel. Ils sont à côté», a-t-elle conclu.

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités