En raison d’une consommation excessive de boissons sucrées dès le plus jeune âge, de nombreux enfants français, surnommés par les professionnels de santé les «bébés Coca», ont développé des problèmes de dentition en grandissant.
Un nouveau phénomène inquiétant a pris de l’ampleur ces dernières années dans l’Hexagone. Une enquête du journal en ligne d’investigation Médiacités parue le vendredi 10 juin a permis de mettre en lumière une problématique émergente, celle des «Bébés Coca». Ce surnom, donné par les professionnels de la petite enfance, fait écho aux nombreux problèmes dentaires relevés chez les bambins consommant trop de boissons sucrées.
«Nous voyons parfois des patients d’un an qui ne possèdent que quatre dents, toutes cariées. Il ne reste alors plus que les racines et nous n’avons pas d’autre solution que les extraire», a détaillé Angéline Leblanc, une dentiste à l’origine d’une thèse soutenue en 2020 sur les caries précoces, touchant les enfants de moins de 6 ans. D’après ses observations, les caries précoces seraient devenues un problème majeur de santé infantile dans les Hauts-de-France.
Les milieux défavorisés principalement touchés
Cette problématique de santé publique touche principalement les milieux défavorisés, ne bénéficiant pas d’un accès simplifié aux soins. «20 % de la population française concentre 80 % des problèmes de dentition», a assuré Angéline Leblanc.
Un constat qui a été partagé par Stéphanie Leclerc, la responsable du Pôle petite enfance de la métropole lilloise dans l’Établissement public départemental pour soutenir, accompagner, éduquer (EPDSAE) de Lille. «Nous accompagnons des parents en grande précarité sociale, qui ne savent parfois pas lire. Ils pensent bien faire et n’ont pas conscience que ce qu’ils font consommer à leurs enfants peut être nocif. Certains ne reçoivent que des biberons de Coca ou d’Ice tea…», a témoigné la professionnelle de santé dans l’enquête.
L’enjeu de la prévention
En France, le manque d’informations sur cette problématique n’aide pas les consommateurs à changer leurs mauvaises habitudes alimentaires. «On essaye d’expliquer aux parents, mais, bien souvent, ils nous répondent qu’eux-mêmes ne boivent pas d’eau et ne voient pas où est le problème», ont expliqué les professionnels de la petite enfance questionnés par Médiacités.
Pour lutter contre le manque de prévention à ce sujet, de nombreux professionnels de santé ont milité pour la création d’étiquettes «interdit aux moins de 6 ans» sur les sodas, à l’image de l’alcool pour les femmes enceintes.
Fortement touché par ce fléau, le Mexique a pris par exemple la décision le 8 août 2020 d’interdire la vente de ces boissons sucrées aux enfants de moins de 18 ans dans deux de ses Etats.