De plus en plus de femmes jeunes sont touchées par les maladies cardio-vasculaires, en particulier les infarctus, phénomène qui s'explique notamment par des comportements à risque comme la consommation de tabac ou d'alcool autrefois essentiellement observés chez les hommes.
En Europe, les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes, devant le cancer. Elles représentent 42% des décès chez les femmes contre 27% pour les cancers, note la Fédération française de cardiologie. L'infarctus du myocarde (IDM) arrive en tête, avec 18% des décès féminins, suivi par l'accident vasculaire cérébral (AVC, 14%), puis les autres pathologies vasculaires, selon la Fédération française de cardiologie (FFC).
Sur les cinq dernières années, le nombre d'hospitalisations en France pour infarctus chez les femmes jeunes s'est accru de manière significative, révèle en outre une étude publiée mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) à l'occasion de la journée de la femme. "La progression du nombre d'hospitalisations pour un infarctus du myocarde chez les femmes de 45 à 54 ans est passée de +3% par an entre 2002 et 2008 à +4,8% par an entre 2009 et 2013", précise cette étude.
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Il y a "urgence à bouleverser nos cultures sociétales, qui considèrent encore que les femmes jeunes sont protégées des maladies cardiovasculaires par leurs hormones", estime le professeur Claire Mounier-Vehier, présidente de la FFC dans l'éditorial du Bulletin. "Nous faisons face à une épidémiologie préoccupante, notamment chez les femmes jeunes, qui s'explique essentiellement par l'évolution de leur mode de vie avec l’adoption, depuis 30 ans, des mêmes comportements à risque que ceux des hommes", dit-elle.
Tabagisme, stress, sédentarité, mauvaises habitudes alimentaires, plus récemment alcool, certaines femmes ont vu leur hygiène de vie se dégrader ces dernières décennies. "C'est l'accumulation de ces facteurs qui crée le risque", souligne la FFC.
"Le tabagisme est le facteur de risque majeur de l'infarctus du myocarde chez la femme jeune", précise toutefois le Professeur Daniel Thomas, président d’honneur de la FFC. "D'après les données du Baromètre santé 2014, la prévalence du tabagisme régulier a augmenté de façon importante chez les femmes âgées de 45 à 74 ans entre 2005 et 2014, doublant même parmi les 55-64 ans", explique-t-il. Et les quadragénaires fumeuses d'aujourd'hui ont souvent commencé à fumer il y a 20 à 30 ans.
Outre ces comportements à risque, les femmes sont exposées à des facteurs typiquement féminins, à commencer par des facteurs hormonaux spécifiques tout au long de leur vie (contraception avec oestrogènes de synthèse, grossesse, ménopause).
Méconnaissance des signes d'alerte
Par ailleurs, les femmes méconnaissent aussi souvent les signes d'alerte de la crise cardiaque. Elles ont en tête les signaux très caractéristiques des crises cardiaques chez les hommes comme la douleur dans la poitrine irradiant la mâchoire et le bras gauche mais elles ne vont pas prêter attention à des signaux plus fréquents chez la femme comme des migraines très fortes, des maux d'estomac ou des douleurs dans le dos, mis sur le compte, à tort, du stress ou du surmenage.
Par conséquent, elles ont tendance à appeler les services d'urgence trop tardivement. "Ce qui peut être fatal ou conduire à des séquelles irréversibles d'autant que, caractéristique féminine, leurs artères et vaisseaux sanguins sont plus fins que ceux des hommes", déplore la FFC. "Nous avons de plus en plus d'exemples de femmes d'à peine 40 ans qui font un infarctus. C'est dramatique", explique-t-on à la FFC.
Ces femmes "s'oublient". "Elles pensent à leurs enfants, à leur mari, ont des responsabilités professionnelles, courent dans tous les sens, tout le temps et n'ont pas le temps de penser à elles-mêmes", note-t-elle.
Pour lutter contre les maladies cardio-vasculaires chez les femmes, la FFC a émis une série de recommandation comme la constitution d'un recueil de données spécifiques pour améliorer l'évaluation du risque cardio-vasculaire féminin (mode de contraception, ancienneté de la ménopause, quantification du stress, environnement socio-économique, etc.).