En quelques semaines, deux affaires de stérilisations massives présumées ont jeté un éclairage cru sur ces pratiques méconnues. En Inde, une campagne initiée par le gouvernement et encouragée par une indemnisation a causé treize décès. Au Kenya, les médecins catholiques dénoncent la présence d’un agent qui rendrait stérile dans les vaccins contre le tétanos. Mais les autorités démentent.
Campagne meurtrière en Inde
Le 8 novembre, une campagne de stérilisation de masse a tourné au drame dans l’Etat de Chhattisgarh dans le centre-est de l’Inde. 80 femmes ont été stérilisées - par voie laparoscopique - en moins de cinq heures. Peu après l’opération, plusieurs d’entre elles ont commencé à se sentir faibles et à être prises de vomissements.
13 femmes sont décédées des suites de leur stérilisation, 14 sont toujours hospitalisées dans un état critique. Le docteur en charge des opérations, R.K. Gupta, a été arrêté le 12 novembre et a été présenté devant un tribunal. Le 14 novembre, le patron d’une société pharmaceutique et son fils, soupçonnés d’avoir voulu détruire des preuves après l’opération de stérilisation de masse ont aussi été arrêtés. Les enquêteurs s’intéressent à la qualité des médicaments administrés.
En Inde, les campagnes de stérilisation représentent la forme première de contraception, bien loin devant la vasectomie (stérilisation des hommes) ou les campagnes de prévention. Elle est d'ailleurs fortement encouragée par le gouvernement qui indemnise les femmes volontaires, en l'occurrence les victimes devaient recevoir 1400 roupies soit une vingtaine d'euros. En 2012, la stérilisation représente 70% des cas de contraception dans le pays, selon les chiffres du Monde.
Kenya : des vaccins visés par des médecins catholiques
L'affaire qui agite le Kenya est bien moins claire que le scandale indien. Mais il touche aussi à la question de la stérilisation. Début octobre, le gouvernement kenyan lançait une nouvelle campagne de vaccination contre le tétanos, notamment pour les populations les plus reculées. Le tétanos néo-natal, encore important au Kenya, est l'une des priorités du gouvernement. Mais depuis novembre, cette campagne de vaccination est vivement critiquée par l’association des médecins catholiques kenyans.
Dans une lettre publiée le 4 novembre, les médecins catholiques dénoncent la présence d’HCG (hormone chorionique gonadotrope) dans les vaccins anti-tétanos, une hormone qui, selon eux, rend les femmes stériles. L’association, représentée par le Docteur Wahome Ngare, justifie cette thèse en s’appuyant sur les tests effectués sur les vaccins : les six échantillons du vaccin - administrés depuis mars sur une une grande partie de la population par l'ONU - contiendraient tous l'antigène HCG.
De plus, le docteur kenyan accuse l’Unicef et l’ONU d’avoir déjà exercé des campagnes anti-tétanos tout en injectant ces mêmes hormones de grossesse dans d’autres pays (Philippines, Nicaragua, Mexique). Ce qui, par la suite, aurait été avéré, toujours selon les dires du médecin.
Depuis le début de la polémique, le gouvernement nie toutes les accusations faites par l’association et dénoncent l'opération. Le ministre de la Santé, James Macharia, a déclaré à la BBC : "Je recommanderais ce vaccin à ma propre femme, à ma fille, je l’accepte à 100% et suis sûr qu’il n’a aucun effet indésirable". Les autorités sanitaires ont néanmoins diligenté une enquête indépendante pour faire la lumière sur la composition du vaccin.