Solide sans être brillant tout au long de la saison, le champion de France en titre Castres a retrouvé la recette éprouvée l'an passé pour se sublimer en barrage samedi contre Clermont (22-16) et espérer un impensable doublé.
Y croyaient-ils eux-mêmes, en débarquant samedi après-midi au stade Marcel-Michelin où Clermont planait sur 77 victoires d'affilée ?
Car jusque-là, la saison des Tarnais avait été correcte, sans plus et sans relief comme en témoignent une sixième place au terme de la saison régulière et une élimination dès la phase de poules en Coupe d'Europe. Avec un effectif et un budget stables et un nouveau trio d'entraîneurs (Rolland-Milhas-Darricarrère) aux commandes, la qualification pour la phase finale semblait déjà un objectif satisfaisant après une saison 2012-2013 magnifiée par le premier Bouclier de Brennus depuis 1993.
Une élimination à Clermont, où personne ne s'était imposé depuis novembre 2009, aurait somme toute été honorable. Mais...
"C'est dans ces moments-là que ce groupe est le plus fort", glisse d'une voix tranquille l'entraîneur des arrières David Darricarrère.
"Quand on ne nous attend pas, il y a mobilisation et une reconcentration évidentes, poursuit-il. On a très bien travaillé cette semaine, avec le sourire et avec enthousiasme."
"On était dans une position d'outsiders à Clermont, on s'est dit +on lâche tout+ pour faire en sorte que la saison continue, et ça a marché", analyse le deuxième ligne Christophe Samson.
C'est en s'appuyant sur le ressort psychologique du "petit" contre le "gros" que le CO avait bâti son aventure l'an passé. Et, mécaniquement, ce sentiment a aussi porté le groupe durant une difficile semaine de préparation, après une défaite insipide à Bayonne (23-13) en clôture de la saison régulière.
"L'étincelle, elle est là forcément quand on arrive en phase finale, explique le pilier Yannick Forestier. On est toujours animé par cette joie de disputer ces matches-là."
Car à force, et avec les mêmes acteurs, Castres a acquis une expérience précieuse de ces matches-couperets: depuis l'instauration des barrages en 2009-2010, le CO a été fidèle au rendez-vous, soit cinq participations d'affilée !
Cela s'est traduit samedi sur le terrain par une forme de sérénité et d'assurance, y compris dans les temps forts de Clermont. Et par beaucoup de réalisme pour planter les banderilles fatales quand l'ASM s'est mise à douter.
"C'est des matches où il faut rester lucides jusqu'au bout et être capables dans les moments difficiles de ne pas s'affoler, abonde l'arrière Brice Dulin. C'est là dessus qu'on s'appuie."
- Montpellier, victime préférée -
Avec sa conquête solide, notamment en touche, une belle assise défensive, un Rory Kockott impeccable face aux poteaux et des trois-quarts remuants, le CO aura de sérieux arguments à opposer à Montpellier samedi prochain (16H30) en demies à Lille.
Il faut y ajouter un certain ascendant psychologique: Castres a été le bourreau des Héraultais en barrages à Pierre-Antoine en 2012 et 2013. Et au milieu d'une saison 2013-2014 quelconque, le CO s'était tout de même payé le luxe d'aller s'imposer à Yves-du-Manoir (20-16), sa seule victoire à l'extérieur en championnat avant Clermont.
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"Mais Montpellier monte en puissance cette saison, il va falloir bien étudier les points faibles pour essayer de s'y engouffrer comme aujourd'hui", relève Brice Dulin. Face à une équipe très joueuse, le CO devra en tous cas de nouveau miser sur une organisation ultra-agressive. Tout en jouant sur les lacunes dans le rideau de Montpellier qui n'est que la 8e défense du Top 14.
Il faudra en tous cas tenir le choc physiquement. L'année dernière, Castres avait récupéré en demies une équipe de Clermont décomposée par sa défaite européenne une semaine plus tôt. Cette fois, elle devra se mesurer à un MHR qui aura eu près de 15 jours pour fourbir ses armes.
Mais désormais, il semble qu'à Castrais rien n'est impossible.