Les parisiens en boivent depuis 1867. Aujourd’hui, pas un bar n’ouvre dans la capitale sans avoir sa carte des cocktails. Si le mojito reste le plus plébiscité, les "bartenders" rivalisent d’ingéniosité pour créer de nouvelles saveurs.
Qu’il s’agisse d’utiliser des boissons anciennes, des sirops faits maison ou encore de s’inspirer de la cuisine moléculaire, la mixologie est une science qui cherche sans arrêt à explorer de nouvelles voies.
C’est donc sans surprise qu’une semaine lui est consacrée : la Paris Cocktail Week. Dès le samedi 24 janvier, une quarantaine d’établissements lancent des opérations spéciales autour du cocktail. Avec une ambition : continuer la French Cocktail Revolution.
Pour les apprentis : Le Coq
Associer les bons ingrédients, évaluer les doses nécessaires, agiter avec dextérité le shaker… la mixologie est un art à part entière qui ne s’improvise pas. Mais on peut tenter de s’y initier. Le Coq, lieu emblématique de cette vague de bars à cocktails tendance qui a déferlé il y a près de deux ans, organise cette semaine des cours de "cocktail experience", à tarif réduit (50 euros au lieu de 60 le reste de l’année).
Les participants (huit par cours) pourront apprendre à manier les ustensiles, doser chaque liquide ou choisir la glace la mieux adaptée à chaque verre. Jérémy Auger, le chef barman du Coq, initiera également ses élèves à l’importance de l’équilibre dans chaque mélange et à la manière dont le goût de la boisson est perçu.
Les cours sont organisés dans les locaux du bar, caractérisés par leur style rétro chic seventies. Un cadre idéal pour tenter de devenir un futur pro du cocktail.
Le Coq, 12, rue du Château-d’Eau (10e). Demain et samedi 31 janvier, de 16h à 18h.
Pour les rockeurs : Walrus
Il est plus agréable de siroter son cocktail en écoutant du bon son : alors que la mixologie est à l’honneur cette semaine, le disquaire Walrus propose d’allier les deux. Vendredi après-midi prochain, un DJ-barman diffusera ses titres préférés et composera des cocktails sur place. Lancé en avril 2014, le Walrus est devenu un repaire pour mélomanes où l’on aime rester des heures.
Julie David et Stéphane Lavallée, deux ex de la Fnac, ont voulu recréer l’ambiance qui régnait dans le grand magasin des années 1980, lorsque les clients s’attardaient, casque sur les oreilles, pour découvrir des albums avant de les acheter. Avec une valeur ajoutée : de quoi se désaltérer dans une partie bar.
Sur 100 m2, le Walrus propose 3 500 références de vinyles et 2 500 de CD, essentiellement du pop, du rock et de la folk. La Paris Cocktail Week est l’occasion de pousser la porte de ce lieu unique et d’y savourer des cocktails rock’n roll.
Walrus, 34 ter, rue de Dunkerque (10e). Vendredi 30 janvier, de 15h à 19h.
Pour les écolos : Le Café Moderne
Il règne ici un parfum de Brooklyn. Des briques rouges aux murs en passant par la bière, le Café Moderne a des airs de Big Apple. Et pour cause, son bartender en chef, Mido Ahmed Yahi, a vécu à New York avant de poser ses valises à Bastille. C’est là-bas qu’il a appris le métier.
Figure montante de la mixologie parisienne, il s’est distingué en remportant l’an dernier la finale française de la Diageo World Class Competition et en arrivant 3e lors de la grande finale mondiale. Outre sa jovialité et sa belle moustache, les jurés ont été séduits par la personnalité de ses cocktails.
Mido s’inscrit dans la tendance «craftsman», bien présente aux Etats-Unis, en élaborant ses sirops et ses "bitters". D’abord pour créer de nouvelles saveurs qu’on ne trouve pas ailleurs (il s’est fait connaître avec son cocktail au foie gras), mais aussi pour être sûr de la provenance des ingrédients.
Dans le cadre de la semaine spéciale, il propose de découvrir le London Julep, la boisson qu’il a concoctée lors de la finale du World Class Competition. Ses verres (de 8 à 13 euros) se dégustent avec ou sans les très bonnes boulettes de viande que propose le bar-restaurant.
Le Café Moderne, 19, rue Keller (11e).
Pour les cafés addicts : La brûlerie de Belleville
Il y a évidemment le White Russian et l’Irish Coffee, mais les cocktails à base de café restent assez rares sur les cartes des bars et souvent peu travaillés. La Brûlerie de Belleville, torréfacteur qui fournit quelques-uns des meilleurs coffee shops de la capitale, propose d’élargir le spectre.
Ce samedi après-midi, des recettes originales seront servies sur place, toutes à base de café, cette boisson dont les Français raffolent tant. La Brûlerie de Belleville fournira ses meilleurs produits fraîchement torréfiés, en provenance du Honduras, du Mexique ou du Costa Rica, d’Ethiopie ou du Brésil.
Ils seront assemblés et "shakés" par un bartender du Lockwood, un bar à cocktails tendance de la rue d’Aboukir, avec qui elle a conclu un "jumelage" à cette occasion. Sans aucun doute, le moment le plus corsé de cette Paris Cocktail Week.
La Brûlerie de Belleville, 10, rue Pradier (19e). Demain, de 15h à 19h.
Pour les gourmands : Le dauphin
Les cocktails ne sont plus seulement créés par des bartenders. Le restaurant Le Dauphin propose, au contraire, "des cocktails de cuisinier", signés par son chef très en vogue Inaki Aizpitarte. Le Français d’origine basque, qui officie également au Chateaubriand, prendra en charge la création des plats et des boissons dans un même élan, le temps de ce dîner unique prévu lundi soir.
En 2012 déjà, Le Dauphin avait lancé les dîners "In Good Company". Le temps d’un repas, Inaki Aizpitarte cuisinait en collaboration étroite avec un bartender. Des signatures, telles les mixologistes Tony Conigliaro ou Nick Strangeway, s’y étaient illustrées. Le concept avait séduit.
Mais cette année, c’est la sensibilité du chef qui s’exprimera du début jusqu’à la fin lors de cette soirée mise en place dans le cadre de la semaine spéciale. Les saveurs des plats et des cocktails seront élaborées avec harmonie et complémentarité. Il faudra toutefois être chanceux pour assister à ce dîner original qui repose sur l’harmonie entre ce qu’on mange et ce qu’on boit : seuls 35 couverts sont prévus.
Le Dauphin, 131, avenue Parmentier (11e). Lundi 26 janvier, à 20h.