Pierre Brossolette sera inhumé mercredi dans la crypte du Panthéon en compagnie de trois autres personnalités. Pour éviter de parler sous la torture, cette haute figure de la résistance se suicide en se jetant par une fenêtre de sa prison. Ce normalien aurait pu avoir les honneurs du Panthéon dès décembre… 1964.
Sous l’occupation allemande, il s’est successivement appelé Philippe Baron, Philippe Bernier, Pierre Bourgat, Paul Boutet, Paul Briant, Brumaire, Pedro et Polydor. Figure de la Résistance française, Pierre Brossolette reposera désormais dans la crypte du Panthéon. Ses cendres y seront transférées ce mercredi, avec celles de Jean Zay, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, et reposeront à proximité des dépouilles de Jean Moulin, André Malraux et René Cassin.
Pierre Brossolette est né le 25 juin 1903 dans le XVIe arrondissement parisien. Normalien et agrégé d’histoire à 22 ans, il décide rapidement de consacré sa vie professionnelle au journalisme. Militant de gauche, il rédige ses premiers articles pour Le Populaire, journal dans lequel Brossolette dénonce les accords de Munich permettant à Adolf Hitler de démanteler la Tchécoslovaquie.
Relations tendues avec De Gaulle
Marié en 1926 à Gilberte Bruel qui lui donnera deux enfants, il devient membre de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO) en 1929. En août 1939, la guerre éclate. Pierre Brossolette rejoint un régiment d’infanterie avec le grade de lieutenant avant d’être rapidement promu capitaine. La librairie qu’il ouvre à Paris lui sert alors de parfaite couverture pour leurrer l’ennemi.
En 1942, Brossolette franchit une nouvelle étape dans la lutte qu’il mène face à l’occupant nazi. Et s’engage à Londres aux côtés des Forces Françaises Libres. Nommé à la tête des renseignements de la France métropolitaine, il devient par ailleurs l’une des voix les plus écoutées de la BBC. Ses relations avec le Général De Gaulle sont tendues : ce dernier considère davantage un autre illustre résistant, Jean Moulin, jugé plus contrôlable.
Le suicide plutôt que des aveux
Parachuté à trois reprises en France, Pierre Brossolette est arrêté le 3 février 1944 à Audierne alors qu’il tentait de rejoindre l’Angleterre. Torturé par les Allemands pendant deux jours et demi, il se défenestre de l’immeuble dans lequel il était interrogé et meurt le 22 mars.
Fortement pressenti pour entrer au Panthéon en décembre 1964, le Général de Gaulle lui préfère finalement Jean Moulin, faisant de ce dernier le premier symbole de la Résistance française. 51 ans plus tard Pierre Brossolette le rejoint au sein du monument niché au coeur du quartier latin parisien.