Christophe Rocancourt, 44 ans, qui comparaît vendredi en correctionnelle après une plainte pour "abus de faiblesse" de la cinéaste Catherine Breillat, apparaît comme un personnage de roman, "beau mec" mais "voyou", dit-elle, qui a berné le tout-Hollywood en se faisant passer pour un Rockefeller ou le fils de Sophia Loren.
Allure d'adolescent, regard ironique, celui qui a été surnommé "l'arnaqueur des stars" du tout-Hollywood, aime à arborer fièrement ses tatouages qui couvrent son corps jusqu'au cou.
"C'est toute ma vie", dit-il. Certains datent de ses années prison après sa condamnation en 2003, aux Etats-Unis, pour avoir escroqué le tout-Hollywood qu'il fréquentait sous différents pseudonymes : héritier des Rockefeller un jour, fils caché de la star italienne Sophia Loren un autre.
Deux tatouages représentent "mes femmes", comme il dit, des top-models.
Rocancourt est né en 1967 près de Honfleur (Calvados), abandonné par une mère prostituée et un père alcoolique. C'est un enfant de l'Assistance Publique, fugueur, qui se découvre vite un talent de conteur et, surtout, une capacité à "être cru".
Très vite, il se met à voler, d'abord, enfant de choeur, l'argent de la quête. Puis dans une bijouterie, à Genève, après plusieurs arnaques à Paris où il fréquente déjà la jet-set, et qui lui valent sa première incarcération en 1991.
A sa sortie de prison, il débarque à Los Angeles, "baragouinant l'anglais", selon lui.
Il apprend vite et se fond avec aisance dans le monde du show-business et du cinéma. Il côtoie ou approche Michael Jackson, Elton John, Meryl Streep, et devient un intime du sulfureux comédien Mickey Rourke. "Je ne leur ai rien pris", jure-t-il.
Il n'empêche: au fil des ans, menant grande train au volant d'une Ferrari entre L.A et New York, il est condamné à cinq ans de prison aux Etats-Unis pour avoir soutiré des millions de dollars à des producteurs ou des milliardaires. Jusqu'à 43 millions, selon certaines estimations.
Le chanteur Michel Polnareff, qui vit aux Etats-Unis, affirme aussi avoir été victime de ses agissements, saluant dans la presse un arnaqueur au "talent fou".
Dans son livre, "Abus de faiblesse", la cinéaste Catherine Breillat livre un portrait contrasté, entre haine et admiration. C'est un "beau mec", écrit-elle, de celui qu'elle avait contacté pour un film, "Bad Love", qui n'a jamais vu le jour, où il devait jouer avec l'ancien top-model Naomi Campbell. Mais un "voyou".
Selon son humeur, elle le surnomme "le Roc", pour son charme, sa solidité, son culot, ou "le Rauque", pour sa cupidité, ses promesses non tenues, son machisme.
"Je n'ai aucun regret" et "j'ai payé ma dette", proclame pour sa part Rocancourt au sujet de son passé. "J'ai joué, je savais que tout allait s'arrêter un jour".
Il a publié son autobiographie en 2002, "Moi, Christophe Rocancourt, orphelin, play-boy et taulard", succès d'édition mondial. Il a deux enfants, dont une petite fille avec l'ancienne Miss France Sonia Rolland.
Sa dernière adresse connue, selon la cinéaste, était un palace à Deauville où il avait laissé, disait-elle, une "grosse ardoise".
Depuis la fin 2011, Rocancourt a un domicile fixe. Il est en prison soupçonné de ne pas avoir versé la caution qui lui était demandée dans cette affaire dont Mme Breillat va d'ailleurs faire, très vite, un film.