Il a crevé l'écran lors du premier débat réunissant les onze candidats à l'élection présidentielle. Philippe Poutou, le candidat du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), peut espérer que cette prestation l'aide à améliorer le score qu'il avait réalisé lors de la présidentielle en 2012, lorsqu'il avait recueilli 1,15% des suffrages (411.160 voix).
Son sens de la répartie lorsqu'il s'en est pris à François Fillon et à Marine Le Pen, accusés pour le premier de «piquer dans les caisses publiques» et pour la seconde de profiter de l'immunité parlementaire pour ne pas se présenter devant les juges qui l'ont convoqué dans une affaire d'emplois fictifs au parlement européen, ont constitué le moment marquant du débat diffusé par CNews et BFMTV.
Si beaucoup l'ont découvert à cette occasion, Philippe Poutou, 50 ans, est pourtant un habitué des déclarations choc, et son franc parler est connu de longue date par les militants d'extrême gauche.
Celui qui se présente comme «le candidat des ouvriers», est réparateur de machines-outils à l'usine automobile Ford de Blanquefort (Gironde), où il est syndicaliste et délégué CGT. Il est ainsi en première ligne dans la lutte des salariés contre les projets de fermeture de l'usine après mai 2018.
Un profil atypique
Philiipe Poutou ne possède aucun diplôme, ayant échoué au baccalauréat avant d'enchaîner les «petits boulots» (surveillant de collège, interimaire), avant d'être embauché dans l'usine de Blanquefort. Un profil atypique dans le paysage politique français, dont la majorité des représentants sont issus de l'ENA.
Son parcours militant a pour sa part commencé au sein de Lutte Ouvrière, mouvement alors représenté par Arlette Laguiller et auquel il a adhéré en 1985, à l'âge de 18 ans. Il en sera exclu en 1997 suite à une crise interne, rejoignant ensuite la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), qui deviendra en 2009 le Nouveau parti anticapitaliste (NPA).
En 2007, il est désigné pour conduire la liste LCR aux élections législatives, puis la liste NPA aux régionales de 2010. En 2012, il succède à Olivier Besancenot comme candidat NPA à l'élection présidentielle.
Un «petit» patrimoine
Parmi les onze candidats à la présidence il est celui qui possède le plus petit patrimoine. Il n'a déclaré qu'une Peugeot 3008 d'une valeur de 9.000 euros, et possède 7243,72 euros sur son compte courant, 5212,97 euros sur son livret de développement durable, 9880,47 euros sur son livret fidélité et 327,94 euros sur son compte épargne logement.
Prônant le passage aux 32 heures sur quatre jours sans perte de salaire, «et aux 30 heures pour les travaux pénibles», l'interdiction des licenciements, le smic à 1.700 euros net, une augmentation de tous les salaires de 300 euros et la gratuité des soins de santé et des médicaments prescrits utiles, Philippe Poutou espère séduire l'électorat d'extrême gauche. Mais il devra batailler jusqu'au bout pour prendre des voix à Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) mais aussi à Nathalie Artaud (LO), voire à Benoît Hamon, qui incarne la gauche du PS.