Les cinq principaux candidats à l'élection présidentielle sont entrés lundi soir sur TF1 dans le vif de la campagne à moins de cinq semaines du premier tour.
Exercice inédit sous la Ve République avant un premier tour, François Fillon, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron se sont affrontés dans un long débat de trois heures trente qui a laissé au deuxième plan les affaires ayant secoué la campagne.
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D'entrée, c'est TF1, la chaîne organisatrice, qui a été la première cible : François Fillon, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont critiqué le format du débat, regrettant l'absence des six autres candidats validés par le Conseil constitutionnel (Jean Lassalle, Nicolas Dupont-Aignan, Nathalie Arthaud, François Asselineau, Philippe Poutou, Jacques Cheminade).
Sécurité, immigration et islam font monter la pression
Sur le fond, après des successions de divergences sans grand éclat comme sur l'apprentissage, ce sont les thèmes de la sécurité et l'immigration, puis la laïcité et l'islam qui ont fait monter la tension. Emmanuel Macron, favori des sondages avec la candidate FN pour accéder au second tour, a été la cible de tous, mais a évoqué régulièrement des points d'accord avec certains de ses rivaux, dont François Fillon.
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«C'est le vide sidéral», «vous arrivez à parler sept minutes et je suis incapable de résumer votre pensée», a attaqué Marine Le Pen. «Vous vous ennuieriez si je n'étais pas là», a ironisé M. Macron, également visé par Benoît Hamon sur son indépendance à l'égard de ses nombreux donateurs de campagne. Marine Le Pen a aussi souvent été prise pour cible, notamment quand Benoît Hamon l'a accusée d'être «droguée aux pages faits divers» ou quand Jean-Luc Mélenchon l'a accusée d'«agiter des fantasmes à tout propos». «Je veux arrêter l'immigration, c'est clair, et j'assume tout à fait mon propos», a clamé la dirigeante frontiste.
«Pas dans le même sac»
C'est sur les questions économiques que le candidat de la droite a marqué son désaccord avec elle : «Le vrai serial killer, c'est Marine Le Pen avec la sortie de l'euro, une inflation galopante (...)» Sur le plan géopolitique, les relations France-Russie ont donné lieu à un vif débat entre Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon, également en désaccord, moindre, sur le revenu universel mais plutôt en phase sur une large part du débat.
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Avec seulement 66% des Français certains d'aller voter à cinq semaines du premier tour, selon une enquête du Cevipof, un des principaux enjeux pour les candidats était de convaincre quelque 15 millions d'indécis ou de possibles abstentionnistes. Dans sa profession de foi d'introduction, François Fillon a dit vouloir être «le président du redressement national», quand Marine Le Pen a déclaré vouloir «être la présidente de la République française», «mais vraiment».
Jean-Luc Mélenchon, «dernier président de la Ve République», mettrait fin à «la monarchie présidentielle». Quand Emmanuel Macron a assuré porter «un projet d'alternance profonde avec de nouveaux visages, de nouveaux usages», Benoît Hamon a promis d'être «un président honnête et juste», «indépendant par rapport à l'argent et aux lobbies».
Les affaires, qui ont occupé une large part de la campagne présidentielle sont restées au deuxième plan. «Ici, il n'y a que deux personnes qui sont concernées : M. Fillon et Mme Le Pen. Nous n'avons rien à voir avec tout ça, alors s'il vous plaît ne nous mettez pas dans le même sac», a lancé le candidat de La France insoumise. Deux autres débats sont prévus d'ici au 23 avril, sur BFMTV et CNews le 4 avril, sur France 2 le 20 avril, consacrant la télévision comme forum électoral renforcé, après quatre affrontements télévisés pour la primaire de la droite et autant à gauche.