Le Premier ministre libanais Saad Hariri a mis en garde lundi à Beyrouth la candidate d'extrême droite française à la présidentielle Marine Le Pen contre tout «amalgame» entre l'islam et le terrorisme.
«L'erreur la plus grave serait l'amalgame entre islam et musulmans d'une part, terrorisme d'autre part», a affirmé le chef du gouvernement au cours de sa rencontre avec Mme Le Pen, selon un communiqué diffusé par ses services.
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«Les Libanais et les Arabes comme la majorité du monde considèrent la France comme la patrie des droits de l'Homme et de l'Etat républicain qui ne fait aucune distinction ethnique, religieuse, ou de classe entre ses citoyens» a encore affirmé M. Hariri, leader de la communauté sunnite libanaise.
«Les musulmans sont les premières victimes du terrorisme se réclamant de la religion» a aussi affirmé le Premier ministre. «Les modérés qui constituent l'écrasante majorité des musulmans en sont la cible».
Des désaccords sur la Syrie
M. Hariri est nettement hostile au régime syrien, soutenu par le FN: il accuse Damas d'être impliqué dans l'assassinat en 2005 de son père Rafic Hariri et soutient le mouvement de révolte contre Bachar al-Assad.
Mme Le Pen avait auparavant eu une entrevue au palais présidentiel avec le président libanais Michel Aoun. S'exprimant devant la presse à l'issue de la rencontre avec M. Hariri, Mme Le Pen s'est à nouveau «réjouie» de rencontrer un responsable étranger en exercice avec lequel il y a «bien entendu des analyses communes» sur la crise syrienne, «notamment sur la nécessité absolue de pouvoir mettre autour de la table l'ensemble des nations qui veulent lutter contre le fondamentalisme islamiste et Daesh».
«Sur un certain nombre de points nous avons des divergences, ça n'étonnera personne, qui sont liées aussi peut-être à la situation géographique de nos deux pays», a-t-elle convenu.
«J'ai exprimé l'analyse qui est la mienne: en l'état il m'apparaissait n'y avoir aucune solution viable et plausible en dehors de ce choix binaire qui est Bachar al-Assad d'un côté, Daesh de l'autre». Le premier constitue «une solution bien plus rassurance pour la France» que le second, a-t-elle dit, en vantant sa «politique réaliste». «Chacun défend, c'est naturel, nous sommes deux patriotes, l'intérêt de son pays», a relativisé la fille de Jean-Marie Le Pen.
Mme Le Pen, arrivée dimanche à Beyrouth, doit rencontrer d'autres responsables politiques, dont le ministre des Affaires étrangères mais aussi religieux d'ici à la fin de sa visite, mardi après-midi.