Une victoire de Benoit Hamon contre Manuel Valls au second tour des primaires pourrait favoriser le leader d’En Marche ! Mais rien n’est encore gagné pour l’ex-ministre.
Ses partisans n’ont pas caché leur optimisme. Pour eux, le vrai vainqueur de la primaire de la gauche est Emmanuel Macron. Le PS devra «envisager très vite son ralliement […] au seul candidat qui peut porter des idées progressistes», à savoir au fondateur d’En Marche !, a ainsi affirmé hier le député Christophe Castaner.
Comme d’autres, il estime que la probable victoire de Benoît Hamon au second tour du scrutin, grâce au report des voix des partisans d’Arnaud Montebourg, ôtera au parti toute chance de rassembler au-delà des militants, et bénéficiera à son champion, plus consensuel. Mais malgré cette providentielle rampe de lancement, le succès de l’ancien banquier reste soumis à plusieurs conditions.
Une fenêtre de tir au premier tour
Au lendemain du premier tour de la primaire socialiste, Emmanuel Macron dispose en effet de certains atouts. La faible participation au scrutin balaie l’argument brandi par le PS durant la campagne selon lequel le candidat désigné aurait une plus forte légitimité populaire. Et la probable élimination de Manuel Valls laisserait le champ libre à Emmanuel Macron parmi les électeurs de centre-gauche.
D’autant qu’il est possible que des cadres du PS n’acceptent pas de passer sous l’autorité de Benoît Hamon, jugé trop à gauche. Ceux-ci pourraient alors se laisser tenter par un ralliement à En Marche ! Pour le communicant Philippe Moreau Chevrolet, de tels transferts garantiraient à l’énarque de percer au premier tour.
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Mais sans cela, son ascension est incertaine. «Face à François Fillon, qui incarne une droite dure, et Benoît Hamon qui incarne une gauche dure, quel sera son espace à lui ?», s’interroge l’expert, qui considère que «cette repolarisation de la vie politique était attendue depuis longtemps par les Français».
Et si, pour l’heure, Emmanuel Macron bat le candidat socialiste, quel qu’il soit, dans les sondages, il n’arrive pas pour autant au second tour, qui verrait alors s’affronter François Fillon et Marine Le Pen.
Un deuxième tour favorable ?
S’il parvient à dépasser l’un des deux, Emmanuel Macron se retrouvera face au candidat de la droite ou de l’extrême droite en mai. Et dans cette configuration, son manque d’expérience électorale pourrait lui être fatale. «François Fillon et Marine Le Pen sont des politiciens chevronnés, tandis qu’Emmanuel Macron n’a jamais été élu», souligne Philippe Moreau-Chevrolet.
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Toutefois, au second tour, face à un(e) rival(e) au programme aussi clivant, le côté centriste d’En Marche ! devrait cette fois jouer en faveur de son leader. Il pourrait en effet récupérer les voix d’électeurs de droite trop modérés pour voter pour François Fillon ou, a fortiori, Marine Le Pen.
D’ici là, Emmanuel Macron poursuit son opération séduction en enchaînant les meetings. Le prochain est prévu à Lyon, le 4 février. La veille de celui organisé dans la même ville par Marine Le Pen pour lancer sa campagne.