Revenu universel, loi travail, contraintes budgétaires européennes, laïcité et droit d'asile, institutions, impôts, écologie, cannabis... Benoît Hamon et Manuel Valls s'opposent, ou du moins se différencient, sur de nombreux points.
Le revenu universel
Benoît Hamon en a fait l'axe central de sa campagne : un revenu universel versé à tous les citoyens. Il s'agit d'un objectif à long terme. Dans un premier temps, le RSA serait augmenté de 10%, à 600 euros mensuels, et un revenu d'existence versé à tous les jeunes. Puis une «conférence citoyenne» fixerait le périmètre et le calendrier de cette réforme.
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Manuel Valls refuse de verser à tous les Français une allocation, au «coût exorbitant», mais propose de leur garantir un minimum décent d'environ 800 euros par mois : ceux dont les revenus n'atteindraient pas cette somme recevraient une allocation, assez proche dans son esprit de l'actuel RSA.
Le sort de la loi travail
Manuel Valls continue à défendre comme «une avancée» la loi travail qu'il avait fait voter aux forceps lorsqu'il était Premier ministre.
Benoît Hamon, qui s'était opposé à ce texte à l'Assemblée, entend l'abroger pour en particulier rétablir «la hiérarchie des normes» : le code du travail doit selon lui primer sur les accords de branche ou d'entreprise.
Respecter ou non les 3% de déficit
Benoît Hamon refuse de devoir maintenir le déficit budgétaire dans la limite de 3% du PIB inscrite dans le traité de Maastricht, inatteignable «dès lors qu'il faut procéder à des investissements importants».
Manuel Valls veut «maintenir le déficit juste sous la barre des 3%» mais «sans chercher à le réduire davantage».
Impôts : des priorités bien différentes
Pour favoriser le pouvoir d'achat, Manuel Valls veut rétablir -en la plafonnant- une mesure adoptée par la droite puis supprimée par la gauche : la défiscalisation des heures supplémentaires. Il promet de rétablir l'avantage fiscal (la demi-part) dont bénéficiaient les veuves et veufs ayant élevé des enfants, qu'avait supprimé la droite et que la gauche n'avait pas rétabli.
Benoît Hamon défend la fusion de la CSG et de l'impôt sur le revenu, estimant que cela introduirait plus de justice fiscale. Il propose aussi de fusionner l'impôt de solidarité sur la fortune et la taxe foncière. Il veut enfin faire payer des cotisations sociales aux employeurs remplaçant des salariés par des robots.
Ecologie : question de dosage
A l'horizon 2025, sortie du diesel grâce à la fin de l'avantage fiscal et 50% d'énergies renouvelables, et au fil du temps, fermeture des centrales nucléaires en fin de vie : Benoît Hamon insiste sur ses engagements écologistes.
Manuel Valls se montre plus prudent, parlant simplement «d'accélérer la convergence des fiscalités essence et diesel», mais réaffirme que la part du nucléaire dans la production d'électricité passera de 75% à 50% d'ici 2025. Et face à Donald Trump, il veut instaurer une taxe carbone sur les produits américains si l'accord de la COP 21 était remis en cause.
De grandes nuances sur la laïcité et l'asile
Benoît Hamon se veut «beaucoup plus généreux en matière de droit d'asile» et appelle de ses voeux des «accommodements qui dans le respect de la laïcité et des principes de la République permettront à l'islam en France de trouver une place semblable à celle des autres religions».
Ve ou VIe République
Manuel Valls n'entend pas changer de régime politique, mais promet d'instaurer une consultation citoyenne avant le vote des lois.
Les deux hommes veulent réduire à trois le nombre de mandats électifs successifs, et limiter aux textes budgétaires le recours à l'article 49.3 de la Constitution (adoption d'un texte sans vote), auquel Manuel Valls avait pourtant recouru à la tête du gouvernement.
Cannabis : l'opposition
Benoît Hamon prône la légalisation de l'usage du cannabis, pour «tuer les trafics».
Manuel Valls refuse une telle libéralisation qui n'empêcherait pas selon lui les trafics de continuer.