Le député de Loire-Atlantique et vice-président de l'Assemblée Nationale porte les couleurs de l'écologie dans la primaire de la gauche. Assumant un programme social-démocrate, il entend bien créer la surprise, dimanche soir, lors du premier tour.
Vous avez marqué des points lors du deuxième débat. Selon vous, qu'apportez-vous de différent des autres candidats ?
Je mets l’écologie au coeur de mon projet et de celui de la gauche. Sur la forme, j’apporte une façon de faire plus claire, plus directe, plus concrète. J'ai une approche qui part des réalités vécues par les gens.
Vous voulez sortir du nucléaire. Que ferez-vous des milliers de Français qui travaillent dans ce secteur ?
Je propose sur trente-cinq ans d’avoir une électricité produite à 100 % par le renouvelable. Je dis aux salariés des centrales nucléaires que nous allons travailler ensemble pour la reconversion. Le reclassement sera garanti. Il faut tenir un langage de vérité : on ne peut pas d’un côté développer les énergies renouvelables et de l’autre, promettre aux salariés du secteur nucléaire que rien ne va changer. C’est un mensonge. Trop souvent on a dit tout et son contraire en fonction des interlocuteurs. Moi je dis la même chose à tout le monde. En développant les énergies renouvelables, on créera plus d’emplois ! Le nucléaire demande d'importants investissements et tourne avec en réalité peu d’emplois. Je préfère que l'on ait une production d’électricité qui soit décentralisée sur l’ensemble du territoire, que les investissements soient moins importants et qu’à la sortie, il y ait plus de travail pour les Français.
Ne craignez-vous pas d'être la «caution écolo» de la primaire ?
Je pense avoir démontré au cours des deux premiers débats que j’apportais un certain nombre de propositions que j’étais d'ailleurs le seul à porter. En matière d'écologie, mais aussi sur d’autres thèmes. Je ne délaisse aucune préoccupation : mes 66 propositions traitent de l’ensemble des problèmes de la France aujourd’hui.
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Baisse de 20 % du nombre d'élus, reconnaissance du vote blanc ... Vous comptez engager une importante réforme des institutions. Pourquoi ?
Nos institutions sont en voie d’épuisement. La démocratie française a beaucoup de dysfonctionnements qui conduisent un certain nombre de Français à s'en éloigner, soit par l’abstention, soit en choisissant des votes extrêmes. Si l’on continue sans rien changer, je pense que la situation va s’aggraver. Il y aura un réveil un jour qui sera très brutal. En revanche, si l'on souhaite que la démocratie fonctionne mieux, il faut faire des réformes qui ont trop longtemps été repoussées, dont on a trop longtemps dit que ce n’était ni le moment, ni la priorité.
Obliger les citoyens à aller voter, cela va les réconcilier avec la démocratie ?
Le suffrage universel est virtuel puisque l’on a des élections avec plus de 50 % d’abstention. Pour redonner de la force à notre démocratie, il faut que le suffrage redevienne vraiment universel. Concrètement, le vote obligatoire contraindra les candidats et les élus à s’intéresser à tout le monde et à ne plus faire des discours qui ne s’adressent qu’à certaines catégories de population, celles qui votent le plus.
Sur les questions de société, vous voulez légaliser le cannabis, le suicide assisté et la gestation pour autrui. La France est-elle prête à tous ces bouleversements ?
Aucune réforme de société dans l’histoire de la France ne s’est faite facilement. Beaucoup de gens se sont opposés au droit de vote des femmes. Le divorce par consentement mutuel paraît évident aujourd’hui, mais a longtemps été très contesté. L’avortement, aussi ! Simone Veil a été la cible d’attaques, y compris dans sa propre majorité politique. Et pourtant chez les Français, cette réforme aujourd’hui fait largement consensus. Je pense donc qu’il ne faut pas s’arrêter devant des minorités extrêmement bruyantes. La gauche de 2012 a eu tort de reculer sur les questions de la PMA ou du libre choix de fin de vie. Elle a reculé devant la Manif pour tous, alors qu’il y avait une majorité au Parlement pour voter ces lois.
Pourquoi voter «François de Rugy», dimanche ?
Pour renouveler la gauche. Les citoyens et citoyennes de gauche ont ressenti parfois un fort décalage, car les discours étaient trop souvent tournés vers le passé. On ressasse. Alors que si l'on veut une gauche crédible, moderne, qui traite des problèmes d’aujourd’hui, il faut la renouveler. Cela passe par l’écologie et par un certain nombre de réformes importantes dans beaucoup de secteurs.