Après Matignon, Manuel Valls, l’ancien député-maire d’Evry, a annoncé qu’il était dans la course à l’Elysée. Mais un parcours semé d’embûches l’attend.
La présidence comme objectif. Au terme d’une semaine politique intense, Manuel Valls a choisi son fief d’Evry (Essonne) pour annoncer lundi soir, dans un discours offensif, qu’il était candidat à la primaire de la gauche. Avec, au bout, l’élection présidentielle.
Le Premier ministre, qui n’a jamais caché ses ambitions, a vu son projet s’accélérer avec l’annonce de François Hollande de ne pas se représenter. La voie à présent libre, celui qui est décrit comme un homme à poigne entend bien franchir un à un les obstacles qui l’attendent.
L’épreuve de la primaire à gauche
Preuve de sa détermination, Manuel Valls a pu se lancer au terme d’un bras de fer intense avec le président de la République. Connu pour son tempérament sanguin, le Catalan est d’ailleurs porté par les sondages, qui le placent en bonne position pour la primaire du PS des 22 et 29 janvier. Ainsi, selon une récente étude d’opinion publiée dans Le JDD, il serait la personnalité préférée des sympathisants de gauche (45 %), loin devant Arnaud Montebourg (25 %), bénéficiant d’une expérience de deux ans à la tête de l’exécutif du pays.
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Tout l’enjeu sera donc de conserver cet avantage. Et d’éviter de cliver, dans un contexte où le Parti socialiste apparaît très affaibli. Manuel Valls a d’ailleurs déclaré que sa candidature était «celle de la réconciliation». Un défi d’autant plus difficile à relever qu’à de nombreuses reprises ses déclarations ont provoqué l’ire des «frondeurs» du parti, qui avaient répliqué en s’opposant à plusieurs réformes entreprises par le gouvernement.
Valls lui même avait d’ailleurs évoqué «deux gauches irréconciliables» au sein du PS. Il lui sera donc «très difficile de rassembler», a estimé lundi Arnaud Montebourg, qui avait quitté Bercy à l’arrivée de Manuel Valls à Matignon, en 2014. De même, Martine Aubry a déclaré dans la foulée qu’il n’était «pas évident» de soutenir sa candidature. En 2011, lors de la première primaire ouverte du PS, le Premier ministre avait déjà tenté d’imposer sa ligne «sociale-réformiste», en vain. Il avait alors récolté 5,63 % des suffrages.
Une présidentielle encombrée
Au-delà de représenter l’aile droite du PS, Manuel Valls sera celui qui devra défendre le bilan du quinquennat. Une tâche très ardue, près de huit Français sur dix (78 %) le jugeant défavorable, selon un récent sondage OpinionWay. S’il venait à gagner la primaire socialiste, il devrait alors se différencier de François Hollande tout en assumant les réformes entreprises.
Autre obstacle : la candidature d’Emmanuel Macron, qui revendique une ligne libérale relativement proche de celle prônée par le Premier ministre. Les études d’opinion indiquent d’ailleurs une dynamique défavorable pour Manuel Valls (9 %), devancé par son ex-ministre de l’Economie (14 %) et par Jean-Luc Mélenchon (12 %).