Sonné après les résultats surprises du premier tour de la primaire de la droite et du centre, Alain Juppé, deuxième du scrutin loin derrière François Fillon, veut néanmoins toujours croire en ses chances.
«C’est un combat projet contre projet», a-t-il déclaré dès dimanche soir. La semaine qui s’annonce sera l’occasion pour le maire de Bordeaux d’abattre ses dernières cartes. Alors qu’il avait essentiellement centré jusque-là sa campagne contre Nicolas Sarkozy, Alain Juppé va devoir revoir sa stratégie en ciblant notamment le passé politique et les propositions de campagne faites par François Fillon, son adversaire pour la course à l’investiture «Les Républicains» en vue de la prochaine élection présidentielle.
François Fillon, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy
Faut-il le rappeler, François Fillon a formé avec Nicolas Sarkozy, alors président de la République, le couple exécutif pendant un quinquennat entier. De fait, Alain Juppé, n’aura aucun mal à l’attaquer sur, d’une part, la fidélité dont il a fait preuve à l’égard de l’ancien numéro 1 du parti, et d’autre part son bilan contestable à Matignon. En renvoyant Fillon à son passé, Juppé pourrait ainsi compter sur une forte mobilisation au second tour des électeurs de gauche. Au premier tour, ces derniers s’étaient en effet déplacés dans les urnes, essentiellement pour faire barrage à Nicolas Sarkozy.
François Fillon, l’ultra libéral
François Fillon ne cache pas son admiration pour Margaret Thatcher, ex-Premier ministre britannique, et chantre d’un libéralisme pur et dur. Et cela se ressent sur son programme : suppression de 500.000 postes de fonctionnaires, 100 milliards d’euros de réduction de la dépense publique, limite du temps de travail hebdomadaire fixée à 48 heures (le maximum autorisé par le droit européen)… Fillon incarne l’aile ultra-libérale de cette primaire de la droite et du centre, un axe d’attaque tout trouvé pour le maire de Bordeaux.
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François Fillon, le pro-russe
A l’heure où le soutien de Moscou au régime d’Al-Assad cristallise les critiques (bombardements à Alep) de la communauté internationale, le rapprochement stratégique souhaité par François Fillon avec Vladimir Poutine pourrait lui coûter des points. A rebours de son adversaire, Alain Juppé est largement plus critique à l’égard de la politique diplomatique menée par l’actuel régime russe.
Mobiliser davantage les électeurs centristes
D’après un sondage Opinionway, ils ne représentent que 15% de l’immense mobilisation constatée dans les bureaux de vote pour cette primaire de la droite et du centre. Force est de constater que les militants centristes n’ont pas répondu en nombre à l’appel lors du premier tour. Ce qui n’a pas joué en faveur d’Alain Juppé, ouvertement soutenu par l’UDI et son chef de file François Bayrou. Remobiliser l’électorat du centre sera l’un des chantiers de cet entre-deux-tours pour l’équipe de Juppé.