Pressé par ses soutiens, l’ex-locataire de Bercy a officialisé sa candidature à la présidentielle. Tout l’enjeu sera à présent de ne pas décevoir.
La fin d’un faux suspense. Après des mois de spéculations, Emmanuel Macron a annoncé mercredi, dans un atelier de mécanique d’un centre de formation de Bobigny (Seine-Saint-Denis), qu’il était candidat à la présidentielle.
Un lieu fort en symboles pour celui qui se revendique hors système et anti-conformiste. Le fondateur du mouvement En Marche ! a ainsi lancé officiellement une campagne dans laquelle il entend se présenter en rupture des clivages politiques traditionnels.
Un engouement intact
Ses proches ont pour habitude de dire que tout est minutieusement préparé chez Emmanuel Macron. La preuve : le choix du timing de sa déclaration. En effet, à seulement quatre jours du premier tour de la primaire de la droite, cette officialisation pourrait bien redistribuer les cartes. Une stratégie que le communicant politique Philippe Moreau-Chevrolet qualifie «d’audacieuse», puisqu’il pourrait «détourner une partie des électeurs centristes».
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Sa candidature a d’ailleurs mis un coup de pression à l’ensemble de la classe politique. Alain Juppé (LR) a appelé à «se méfier», quand Arnaud Montebourg (PS) s’en est pris au «candidat des médias». Emmanuel Macron inquiète tout autant qu’il fascine. L’attraction autour de sa personnalité est toujours intacte, 36 % des Français disant lui faire confiance, selon un récent sondage Harris Interactive.
Car son discours séduit : l’ancien ministre de l’Economie veut se placer comme le candidat de tous les citoyens, y compris des déçus de la politique. «L’enjeu n’est pas de rassembler la gauche, […] la droite, l’enjeu est de rassembler les Français», a-t-il ainsi déclaré hier face à la centaine de journalistes venus pour l’occasion.
Et pour transformer l’essai, le fondateur d’En Marche ! dit pouvoir s’appuyer sur 100 000 adhérents revendiqués. Pour séduire encore davantage de militants, le mouvement a d’ailleurs emménagé hier dans son nouveau QG, dans le 15e arrondissement de Paris
Une issue incertaine
Maintenant qu’il est candidat, tout reste à faire. Avec, comme premier enjeu, la récolte des 500 parrainages d’élus locaux nécessaires. Etant isolé d’un parti traditionnel et soutenu par une poignée de parlementaires, le pari risque d’être ardu. De même, En Marche ! n’ayant récolté que 2,8 millions d’euros depuis avril dernier, va partir à la recherche de fonds pour faire campagne.
Autre obstacle : le candidat va devoir se dévoiler, avec un programme détaillé. «On ne connaît pas son positionnement, il risque de payer ce flou», abonde Philippe Moreau-Chevrolet. C’est sur ce point que son potentiel principal concurrent pour 2017 à gauche, Manuel Valls, l’a attaqué hier. «Il faut de la force et non pas de la légèreté» pour être président, a taclé le Premier ministre, qui multiplie les allusions en vue d’une possible candidature.