Longévité, âge avancé, loi sur le cumul des mandats, mais aussi pour certains désenchantement ou peur de l'échec : une part conséquente des députés socialistes a décidé de jeter l'éponge pour les législatives de juin 2017.
"Je pense qu'il y a aujourd'hui grosso modo un bon quart du groupe qui ne se représente pas en l'ayant fait savoir", déclare à l'AFP le chef de file des députés PS Bruno Le Roux. Sachant que le groupe majoritaire compte 289 membres (dont 13 apparentés), au moins 70 élus ne rempileront donc pas pour le scrutin des 11 et 18 juin prochains. "Peut-être un peu plus que d’habitude", concède M. Le Roux, mais "si tout allait très bien, le nombre ne serait pas forcément très différent". Une manière de récuser un impact des luttes intestines notamment des derniers mois sur la loi travail ou la déchéance de nationalité.
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"Je n'en vois pas qui s'arrêteraient parce qu'ils ont peur de perdre", assure le "Monsieur Elections" du PS, Christophe Borgel. "On arrive à une fin de génération", explique cet élu de Haute-Garonne, avec la plupart des plus de 70 ans qui vont arrêter (42 au groupe PS). Selon lui, les principales motivations de ceux qui décrochent sont le temps passé comme député, l'âge ou une situation de cumul - la loi de 2014 qui interdit d'être député et maire, maire-adjoint, président ou vice-président de collectivité locale, s'appliquera à compter de 2017. Mais en juillet, un responsable du parti reconnaissait aussi que beaucoup envisagent des législatives périlleuses.
Climat de déception
Selon Bruno Jeanbart, directeur général adjoint d'Opinionway, dans "un nombre important de circonscriptions, la gauche pourrait être éliminée dès le premier tour": de 170 à 230, suivant le niveau de participation. Mais le politologue exclut "une hypothèse d'élections qui ressembleraient à 1993", débâcle avec seulement 57 députés PS (contre 263 en fin de législature précédente). Il projette 188 à 208 sièges pour toute la gauche sur 539 en France métropolitaine, contre plus de 300 actuellement. Jean-Louis Touraine (Rhône), "candidat à la candidature", admet que la "crainte de ne pas être réélu" peut parfois jouer, mais n'a "pas l'impression d'une vague de désenchantement".
Partir après "20 ans de mandat parlementaire en mars 2017" n'est "pas une démarche de déception", garantit Alain Claeys (Vienne). Le maire de Poitiers, qui a décidé de privilégier ses mandats locaux le jour où il a voté le non cumul, note toutefois un "phénomène nouveau": "certains jeunes députés décident de faire autre chose" dans ce "climat de déception et de crise de la représentation politique".
Défections en série
Elu de Côte-d'Or de 38 ans, Laurent Grandguillaume a surpris en annonçant dernièrement qu'il ne se représenterait pas. Il a invoqué le non cumul des mandats dans le temps pour éviter "une forme de glaciation qui empêche le renouvellement des idées", piste de réforme relancée la semaine dernière par François Hollande. Quadragénaire, Alexis Bachelay (Hauts-de-Seine), réfléchit encore, mais "pense que ce quinquennat a été éprouvant et que beaucoup de collègues sont écœurés ou démotivés". Les attaques visant certaines permanences PS dans le conflit contre la loi travail ont pu peser. Il juge "paradoxal que ce soient des premiers mandats comme Grandguillaume qui arrêtent, alors que des dinosaures avec 3 ou 4 mandats au compteur vont repartir !".
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Odile Saugues (Puy-de-Dôme), 73 ans, avait, elle, envie d'un repos "bien mérité", ayant commencé à travailler à 18 ans chez Michelin. Pour Pascale Crozon (Rhône), 72 ans, "à un moment donné, il faut savoir s'arrêter" et faire plus de place aux femmes et à la diversité. Sa circonscription pourrait échoir à la ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem. Gérard Bapt (Haute-Garonne), "interloqué" par des sollicitations pour se représenter, n'a pas tranché. Malgré huit mandats depuis 1978, il dit avoir toujours la passion pour ses dossiers. La convention nationale d'investiture PS est programmée le 17 décembre.