Ecrin de chefs-d'oeuvre de la Renaissance, dont le fameux retable d'Issenheim, le nouveau musée Unterlinden de Colmar, agrandi et modernisé après deux ans d'imposants travaux, est inauguré samedi par le président François Hollande.
Installé dans un ancien couvent de dominicaines depuis sa fondation en 1853, l'établissement, passé de 4.500 à 7.900 mètres carrés, espère attirer chaque année 350.000 visiteurs -contre 200.000 auparavant-, ce qui le classerait parmi les musées des Beaux-Arts les plus fréquentés de province. Le "nouveau" musée a ouvert ses portes au public dès le 9 décembre. Mais c'est ce samedi qu'il sera officiellement inauguré par le chef de l'Etat, en compagnie de la ministre de la Culture Fleur Pellerin.
Directrice de l'établissement, Pantxika De Paepe convient que, avant transformation, l'ancien musée "était un peu refermé sur lui-même et sur son chef-d'oeuvre absolu" et mondialement connu, le retable d'Issenheim, un ensemble de panneaux de tilleul sculptés par Nicolas de Haguenau et peints par Matthias Grünewald entre 1512 et 1516.
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Le fameux retable, déménagé pendant les travaux avec d'infinies précautions dans une église toute proche, a retrouvé en octobre sa place habituelle, dans la chapelle de l'ancien couvent. "Avec le temps, le bâtiment donnait des signes de vieillissement. Il avait perdu une partie de son histoire. La rénovation redonne du sens au bâtiment", estime Richard Duplat, architecte en chef des Monuments historiques. Après des travaux chiffrés à 47 millions d'euros, le nouvel Unterlinden est "désormais rééquilibré entre ses différentes collections", assure sa directrice.
L'architecture majestueuse et sobre, signée du cabinet suisse Pierre de Meuron et Jacques Herzog, s'appuie sur un bâtiment moderne - relié à l'ancien par une galerie souterraine et qui intègre des anciens bains municipaux de 1906. Elle laisse cependant apparaître nettement les traces du passé: une ancienne chapelle abrite ainsi désormais des expositions temporaires.
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"Le design a été voulu sobre et discret pour mettre en valeur les oeuvres. On a pris un parti opposé à l'exubérance du design", souligne Jean-François Chevrier, concepteur de la nouvelle muséographie, qui assure n'avoir "pas voulu gommer l'hétérogénéité des collections, au contraire".
Ainsi, au-delà de l'art du Moyen-Age ou de la Renaissance, ou encore des collections d'archéologie, Unterlinden recèle aussi des chefs-d'oeuvre de l'art moderne (Soulages, Dubuffet, Poliakoff...), auparavant relégués par intermittence dans les réserves du musée et désormais bien mis en valeur dans la nouvelle aile du bâtiment.
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On y découvre notamment une impressionnante tapisserie de près de sept mètres de long, réalisée en 1976 d'après le célèbre Guernica de Picasso. Seuls deux autres exemplaires existent dans le monde, dont l'un orne le mur de la salle du Conseil de sécurité de l'ONU à New York.
Stars mondiales de l'architecture - ils ont obtenu en 2001 le Prix Pritzker, sorte de Nobel de la discipline -, Jacques Herzog et Pierre de Meuron se sont également associés au muséographe Jacques Chevrier pour concevoir la première exposition temporaire présentée à Unterlinden - jusqu'au 20 juin. Ils s'y interrogent sur les rapports entre "contemplation" et "action" dans l'art.