Emmanuelle Cosse, candidate EELV aux élections régionales en Ile-de-France, en décembre, présente lundi son plan pour végétaliser les villes. Au programme, plus d'arbres et plus de points d'eau pour améliorer la qualité de vie et lutter contre le réchauffement climatique.
Vous souhaitez planter un million d'arbres dans une région parisienne très dense. Où et comment ?
Il y a encore des terrains à exploiter en Ile-de-France. Je pense notamment aux emprises foncières des grands bailleurs sociaux, à des terrains de l'AP-HP ou de la SNCF. Nous pouvons aussi profiter de la construction de logement, indispensable, pour ramener de la nature dans la ville. Il y a beaucoup d'espaces que l'on peut réaménager, car nous sommes capables de trouver des solutions face aux contraintes techniques liées aux infiltrations d'eau ou aux chaussées déformées par des racines d'arbres.
Et sur les grandes dalles, comme à la Défense ou à Argenteuil ?
Il faut en effet réfléchir à comment intégrer davantage d'arbres et de végétaux et de potagers en bacs, pour améliorer la qualité de vie dans ces espaces. Mais pas seulement. Il faut aussi travailler sur les toits et les façades. Leur végétalisation permettrait d'abaisser la température de ces bâtiments, ce qui est très intéressant en matière de gestion de l'énergie. Cela nécessite d'aider les communes à s'engager dans cette voie. L'objectif est d'arriver à 1 000 hectares végétalisés.
D'autant que la population y semble sensible...
En effet, c'est ce qu'ont montré les consultations menées dans le cadre du budget participatif, à Paris. Tout le monde est d'accord sur le principe de redonner sa place à la nature en Ile-de-France. Nous voulons ainsi développer les «continuités écologiques», c'est-à-dire des trames vertes et bleues en favorisant la plantation d'arbres et donnant plus de place à l'eau. Ces couloirs permettent aux espèces animales de circuler.
Que pourrait apporter la création de points d'eau que vous proposez ?
L'intérêt est double. D'une part, avoir davantage de fontaines, des miroirs d'eau et des brumisateurs participerait à l'amélioration de la qualité de vie des habitants de la région. D'autre part, la récupération des eaux de pluie pourrait être bénéfique pour les entreprises ou les collectivités. Je pense par exemple que les bailleurs sociaux peuvent utiliser ce principe pour entretenir leurs espaces verts. On peut aussi nettoyer la ville avec une eau non potable. Et plus globalement, combiner la création de points d'eau et végétaliser les espaces permet de faire baisser la température localement de 6 à 8 degrés en cas de canicule.
C'est-à-dire que cela réduirait, localement, le réchauffement climatique ?
Cela permet de s'adapter et cela s'ajoute à une vision plus globale. Réduction du trafic automobile, augmentation de l'offre de transports en commun, amélioration de la qualité énergétique des bâtiments... Cela compte dans une métropole aussi dense que la nôtre, mais il faut absolument pousser la logique au niveau national et international.
Tout cela a un coût. Comment financer ces mesures ?
Cela demande de réorienter des postes de dépense de la région, à tous les échelons. Ces mesures s'inscriront dans le cadre du plan de rénovation énergétique des bâtiments. Je rappelle que l'Ile-de-France dispose d'un budget total de près de 5 milliards d'euros… Et le gain peut être très important, surtout si nous parvenons à terme à rendre la région moins dépendante énergétiquement.