La ministre de la Justice Christiane Taubira a répondu mardi avec une ironie mordante à une nouvelle interpellation dans l'hémicycle du député Éric Ciotti (Les Républicains) sur sa politique, se demandant pourquoi elle "l'obsédait" à ce point.
"Si c'était du temps de ma fringante jeunesse, j'aurais supposé un sentiment contrarié", a déclaré Mme Taubira, sous les rires à gauche mais aussi d'une partie de la droite, même si quelques députés Les Républicains ont crié "lamentable". "Cet hémicycle tout entier à déjà constaté à quel point je vous obsède avec une constance qui appelle l'admiration", lui a lancé Mme Taubira, cible favorite de la droite depuis le début du quinquennat.
Lors de la séance des questions au gouvernement, M. Ciotti venait de demander à Mme Taubira "jusqu'où" elle irait dans ses "provocations à l'égard du Premier ministre", estimant qu'elle avait franchi une "étape supplémentaire" en lui posant un "ultimatum" sur l'examen au Parlement de sa réforme de la justice des mineurs.
Eric Ciotti interpelle Christiane Taubira après... par ericciotti
Mme Taubira avait déclaré vendredi "qu'elle n'assumerait pas" que la réforme de la justice des mineurs, promise par François Hollande et qui se fait attendre, ne soit pas réalisée.
"C'est la première fois que le Premier ministre aurait besoin d'un défenseur. Compte tenu de sa personnalité et de son autorité, nous avons du mal à comprendre non seulement qu'il aurait besoin d'un défenseur mais en plus dans ces rangs là", a-t-elle répondu en désignant la droite sous les applaudissements de la majorité.
L'ordonnance de 1945
Sur sa réforme de la justice des mineurs, dont M. Ciotti a espéré qu'elle ne soit pas débattue dans l'hémicycle d'ici la fin du quinquennat, Mme Taubira lui a répondu que l'ordonnance de 1945 était devenue "illisible et incohérence" avec "37 modifications" dans les deux précédents quinquennats.
"Vous vous livrez à un exercice solitaire lorsque vous vous prétendez qu'elle est efficace", a-t-elle conclu, en restant dans la même verve. Les députés socialistes l'ont applaudi debout à l'issue de son intervention.