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Pour Fillon, c'est 2017 ou rien

Francois Fillon, ex-Premier ministre (UMP), le 25 juin 2014 à Paris [Bertrand Guay / AFP/Archives]

Pour François Fillon, c'est 2017 ou rien : en campagne pour les départementales, l'ancien Premier ministre fixe déjà l'horizon d'une présidentielle qu'il ambitionne de remporter, en dépit de sa position de troisième homme de la droite.

 

"Je n'ai pas l'intention de rester dans la vie politique si je ne réussissais pas à me faire élire en 2017", tranche le député de Paris, 61 ans, dans une interview-fleuve au nouveau quinzomadaire, Society. 

Pas fréquent d'entendre un homme politique de premier plan annoncer aussi clairement la couleur, même si en 2012 Nicolas Sarkozy, qui est, avec Alain Juppé, un de ses deux grands rivaux sur la route de l'Elysée, avait laissé entendre qu'il quitterait la politique en cas d'échec.

 

Panoplie de réflexions

Celui qui dirigea son gouvernement pendant tout le quinquennat fourbit ses armes. Dossier après dossier - éducation, économie, immigration, logement -, il déploie une panoplie de réflexions et de propositions déjà très abouties (retraite à 65 ans, prestation sociale unique...) qu'il évoque au fil de ses déplacements : après le Doubs, l'Isère, le Val-de-Marne, ce sera prochainement la Loire-Atlantique et le Nord.

Pour François Fillon, l'enjeu des départementales est crucial : "c'est une élection qui va compter beaucoup pour enclencher la dynamique de changement (...) Si nous gagnons les départementales et les régionales, nous serons en piste pour obtenir un changement radical en 2017", affirmait-il jeudi lors d'une réunion publique à Combs-la-Ville (Seine-et-Marne). 

Radical, un mot qu'il emploie volontiers pour décrire son programme de "rupture". "Dans les deux ou trois mois qui suivent l'élection, préconise le député de Paris, il faut un commando qui arrive avec des textes déjà prêts, il faut que le parlement travaille tout l'été. Dans le premier trimestre, il faut faire passer la totalité des réformes stratégiques et même vous pouvez faire passer des mesures impopulaires. Si vous le faites tout de suite, vous ne bloquez pas le pays". "On a besoin d'un choc technique et psychologique pour redonner confiance", dit-il.

 

Derrière Juppé et Sarkozy

Sa détermination semble totale... mais se heurte pour le moment à la réalité des sondages. Sa sortie sur "le moins sectaire" entre un PS et un FN qu'il conseillait de choisir, fin 2013, lui avait fait perdre beaucoup de terrain.

Aujourd'hui encore, les Français lui préfèrent Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, même si la dernière enquête Viavoice ressert l'écart: 33% des sondés voient en lui un bon président (+7%), face aux 37% de l'ex-chef de l'Etat (+6%) et surtout les 48% du maire de Bordeaux (+1%). 

 

Relative solitude

Autre obstacle: ses cinq ans au gouvernail de la France, loin de la radicalité qu'il prône à présent. "En tant que Premier ministre, je mettais en oeuvre la politique du président", se défend-il. "Alors, ça devait être l'enfer avec Sarkozy?", lui demande Society. "Non! J'imagine l'enfer différemment", dit avec un flegme quasi-britannique ce père de cinq enfants, marié à une Galloise. 

Sa vie politique se déroule également dans une relative solitude, en dépit de son micro-parti Force républicaine. Il avoue d'ailleurs un regret: fallait-il, au beau milieu de la bataille avec Jean-François Copé, fin 2012, "rompre totalement avec l'UMP?". Au dernier moment, la volonté d'unité l'emporte. "Je me dis que j'ai peut-être raté une occasion".

 

La route est longue

Sur le terrain, M. Fillon ne songe guère à ces difficultés. Tout à sa volonté de convaincre, il se tient debout au milieu de son public assis en cercle autour de lui. Micro à la main, il déroule son programme futur: "en septembre (2017), je propose un référendum avec trois questions, portant sur l'organisation du territoire pour réparer le désordre installé par les socialistes, la politique d'immigration, la diminution du nombre de parlementaires". 

La route est encore longue. Avec la haie de la primaire, où il a affaire à rude partie. Outre les deux favoris de tête, pourraient se presser au portillon les challengers de la relève, Xavier Bertrand, Nathalie Kosciusko-Morizet, Bruno Le Maire... 

Mais il tranche: "si on arrive à mobiliser trois millions de personnes de droite ou pas, je pense que j'ai toutes mes chances".

 

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