Troisième siège de député pour l'extrême droite ou fin d'une série de défaites ininterrompue pour le PS depuis 2012? Le résultat du duel FN-PS qui s'annonce serré, dimanche dans le Doubs, dépendra beaucoup des électeurs de l'UMP.
Érigée par les états-majors des partis en premier test électoral après les attentats de janvier et à l'approche des élections départementales de mars, cette législative partielle destinée à pourvoir le siège laissé vacant par Pierre Moscovici depuis son départ à la Commission européenne a déjà déchiré l'UMP.
Après l'élimination, dès le premier tour, du candidat UMP Charles Demouge, que feront ses 6.824 électeurs? Suivront-ils la consigne d'abstention décidée mardi de justesse par l'UMP? Une position adoptée après 48 heures de controverses internes, affaiblissant au passage Nicolas Sarkozy qui avait opté pour une synthèse délicate entre le "Front républicain" et le "ni-ni".
Le PS favori ?
Jeudi, le chef de l'État François Hollande a rappelé qu'à la présidentielle de 2002, alors qu'il dirigeait le PS et qu'il était confronté au choix entre Jean-Marie Le Pen et Jacques Chirac, il n'avait pas "hésité une seule seconde" à faire barrage au FN.
Un sondage IFOP publié jeudi donnait le candidat socialiste Frédéric Barbier vainqueur avec 53% d'intentions de vote, contre 47% pour sa concurrente du FN, Sophie Montel. Ce qui marquerait la fin d'une spirale infernale pour le PS, qui n'a pas gagné une seule des 13 élections partielles organisées depuis le début du quinquennat (seul le PRG emportant un siège en juin 2014).
Les électeurs UMP vont faire la différence
A gauche Frédéric Barbier peut compter sur le soutien du Front de gauche et des Verts (1.700 voix), mais pas de Lutte ouvrière (400 voix). Au centre droit, UDI et MoDem ont aussi appelé à voter PS.
Soucieux de ne pas crier victoire trop vite, Frédéric Barbier admet que les jeux sont serrés compte tenu "de la marge d'erreur". La clé du scrutin est dans les mains des quelque 6.820 électeurs UMP. Selon le sondage la moitié envisagerait de voter blanc ou de s'abstenir au deuxième tour. Parmi l'autre moitié, les intentions de vote se partageraient quasi équitablement entre le candidat du PS (26%) et celui du FN (24%). Autre clé du scrutin de dimanche, l'abstention, une option choisie au premier tour par 60,5% des inscrits.
Sur le terrain, plusieurs élus locaux UMP ont appelé à faire barrage au FN, à l'exception notable de Charles Demouge, qui a opté pour la ligne officielle du "ni-ni".
"Inégalité des races"
Sophie Montel, la candidate FN, est prête à renoncer à son mandat d'eurodéputée pour devenir la troisième députée d'extrême droite au Palais Bourbon.
Un site internet anti-FN a exhumé des propos tenus en 1996 alors qu'elle était conseillère municipale à Besançon, quand elle avait défendu la position de Jean-Marie Le Pen sur "l'évidente inégalité des races". Assurant aujourd'hui qu'elle ne tiendrait plus un tel discours, Sophie Montel préfère désormais brandir le "péril islamiste" dont les récents attentats de Paris ont ravivé le spectre.
Le PS mobilisé
Misant pour leur part sur le regain de popularité de l'exécutif après ces attentats, les socialistes ont eux aussi mobilisé leurs ténors: mercredi soir lors d'un meeting à Audincourt, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve est ainsi revenu sur les manifestations qui ont suivi ces attentats, appelant les électeurs à "poursuivre ce grand élan d'unité républicaine autour de nos valeurs".
Quant à Manuel Valls, revenu jeudi pour la deuxième fois dans le Doubs soutenir Frédéric Barbier, il a rappelé à l'intention des électeurs UMP "les valeurs de la République et du général De Gaulle", estimant que cette circonscription ne pouvait être "représentée par quelqu'un qui fait de la théorie des races".