Le PS entend peser pour faire amender très sensiblement la loi Macron, qui a suscité de vives réticences dans ses rangs, en particulier de Martine Aubry, à quelques mois d'un congrès du Parti qui s'annonce déterminant pour la suite du quinquennat.
"Sur cette loi, le processus est ouvert (...) et nous comptons bien l'améliorer", a souligné vendredi le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, en se félicitant que le Premier ministre, Manuel Valls, ait évoqué lui-même des "marges de débat". Ce projet de loi, a-t-il ajouté, "a des éléments extrêmement positifs. (Il) déverrouille (et) innove dans un certain nombre de choses".
La secrétaire nationale du PS à l'Economie, Karine Berger, avait reconnu elle aussi mercredi des "points" positifs et d'autres "qui restent à discuter" avant que le texte soit soumis au Parlement fin janvier. La responsable socialiste a notamment qualifié de "vraie victoire" le fait qu'une "compensation obligatoire" pour le travail du dimanche figure dans le document. "C'était la première demande du PS, c'est une demande qui a été entendue".
Karine Berger a réclamé aussi que les réformes concernant les "professions juridiques" se fassent "en cohérence avec la garde des Sceaux" et a mis en garde contre les dangers de "financiarisation" que présenterait une ouverture du capital de ces professions.
Mais la principale pierre d'achoppement est le chiffre de 12 dimanches travaillés par an figurant dans le projet de loi, le PS souhaitant le ramener de "5 à 7 dimanches", a rappelé la responsable.La maire de Lille et ancienne première secrétaire du PS, Martine Aubry, est montée au créneau mercredi de façon virulente sur ce point, évoquant une "régression" sociale.
Opposition grandissante des députés socialistes
Les propos de l'ancienne première secrétaire du PS ont eu d'autant plus de retentissement qu'elle est toujours très écoutée au sein du Parti, et ses propos analysés de près par l'exécutif. Dès la présentation du texte mercredi, Manuel Valls s'est d'ailleurs empressé de dire, en citant François Hollande, qu'il s'agissait d'une "loi de progrès et de liberté".
"Je souhaite que les préoccupations de Martine Aubry soient entendues, à savoir que le repos dominical doit rester la règle, et quand il y a des exceptions, ceci doit être fortement encadré", a réagi Jean-Christophe Cambadélis. "Ce n'est pas en abaissant les droits au niveau des Chinois que nous serons compétitifs...", s'est-il agacé aussi.
Le premier secrétaire n'a pas voulu non plus "préjuger" de ce que sera l'attitude des députés "frondeurs" du PS, qui ont fait déjà de la loi Macron leur nouveau cheval de bataille après avoir ferraillé au Parlement contre les projets de loi budgétaires 2015.
Un ancien dirigeant socialiste ne cache pas sa préoccupation de voir le projet de loi Macron rencontrer une opposition grandissante des députés socialistes. Le groupe PS à l'Assemblée nationale, dit-il, se trouve "dans un mauvais climat, beaucoup sont inquiets à l'approche des départementales (en mars). Je sens des députés non-frondeurs dire +là, c'est pas le budget, on marquera le coup, je vais m'abstenir ou voter contre+".
"Ca, c'est la gauche du réel", a cependant dit le secrétaire d'Etat à la Simplification, soutenant la loi de son collègue Macron, ironisant sur une "gauche trop préoccupée de construction théorique et d'idéal".
Le chef des députés socialistes, Bruno Le Roux, a appelé les uns et les autres à "faire reculer les postures", au profit d'un "examen de fond" du projet de loi, rappelant que la loi Macron n'était "pas une contribution à un congrès du PS". Autrement dit, le positionnement à l'égard de ce projet de loi ne doit pas se faire en fonction de ce congrès, prévu début juin.
Jean-Christophe Cambadélis a balayé cette analyse. Les frondeurs, "est-ce que ça existe en tant que courant constitué dans le PS ? Non, non ! C'est une coordination de personnalités qui sont des députés du PS".