L’heure de la reprise a sonné. Syndicats, patronat et gouvernement s’apprêtent dès aujourd’hui à affronter une rentrée sociale chargée. Les dossiers délicats s’entassent et ne se ressemblent pas.
Après une première rencontre, aujourd’hui, entre les partenaires sociaux, pour parler de la modernisation du dialogue social, ce sera au tour de l’exécutif d’entrer en piste, demain, sur le pacte de responsabilité. L’apprentissage, le travail dominical et le chômage de longue durée viendront compléter un planning bien rempli. Sur fond de contexte politique difficile pour l’exécutif et de tensions entre les organisations patronales et syndicales, les débats promettent d’être animés.
> L’assouplissement des seuils sociaux très controversé
Ce matin, les représentants patronaux rencontrent les syndicats pour négocier un accord sur la modernisation du dialogue social. Avec, à la clef, la question des seuils sociaux. Le 14 juillet, François Hollande avait répété que ces obligations auxquelles sont soumises les entreprises selon leur nombre d’employés devaient être «assouplies».
Si le patronat est conquis, les syndicats, eux, craignent une atteinte aux droits des salariés. «Nous ne négocierons rien sur les seuils sociaux», a tranché récemment dans L’Opinion Thierry Lepaon, leader de la CGT.
> Un coup d’accélérateur pour le pacte de responsabilité
Mesure phare du gouvernement depuis dix mois, le pacte de responsabilité peine à se mettre en place. Actuellement, seules deux branches professionnelles, la chimie et la métallurgie, ont signé un texte officialisant leur engagement en faveur de l’emploi. D’après le Medef, elles devraient être une vingtaine d’ici au mois prochain, et une cinquantaine avant la fin de l’année.
Mais l’exécutif, poussé par une courbe du chômage qui s’envole, s’impatiente. François Rebsamen réunit demain cinquante branches professionnelles pour un «bilan d’étape». a d’ores et déjà prévenu qu’il attendait du ministre du Travail «un discours virulent et exigeant à l’égard du patronat».Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger,
> L’exécutif au chevet de l’apprentissage
Vanté par le gouvernement car il est réputé mieux insérer les jeunes sur le marché du travail, l’apprentissage est pourtant en perte de vitesse. En 2013, le nombre de contrats de ce type a chuté de plus de 8 % par rapport à l’année précédente. Alors que François Hollande s’est fixé pour objectif d’atteindre 500 000 apprentis français en 2017,
ils ne sont aujourd’hui que 275 000. Le chef de l’Etat, qui a déjà débloqué une enveloppe de 200 millions d’euros, présidera donc une réunion à l’Elysée le 19 septembre pour «lever tous les obstacles par rapport à l’apprentissage».
> Le serpent de mer du travail dominical
Le sujet revient sur la table avec la présentation de la loi de croissance, prévue cet automne. Le gouvernement est favorable à l’assouplissement du travail dominical, afin d’encourager l’emploi et le tourisme.
Une opinion partagée par le Medef de Pierre Gattaz, pour quil’ouverture des magasins le dimanche «doit être encadrée mais simplifiée et étendue». Mais le bât blesse du côté des syndicats, et ce d’autant plus que l’exécutif pourrait légiférer par ordonnance, donc sans consulter le Parlement sur les détails du projet de loi. Une méthode qui, si elle n’a pas encore été confirmée, a laissé le numéro un de FO, Jean-Claude Mailly, «stupéfait».
> Des négociations contre le chômage de longue durée
En France, quelque 2 millions de personnes n’exercent aucune activité depuis plus d’un an. Dans un rapport publié la semaine dernière, l’OCDE avait mis en exergue cette question, jugeant que «ce groupe, en particulier les chômeurs les plus âgés» risquent de tomber «dans un chômage structurel».
Erigé en «cause nationale» par le chef de l’Etat début juillet, le chômage de longue durée sera donc au cœur de négociations interprofessionnelles cet automne.