Le secrétaire d'Etat aux Transports Frédéric Cuvillier, qui a jeté un pavé dans le dossier SNCM en avançant l'hypothèse du redressement judiciaire, "a eu raison de dire la vérité", a estimé dimanche le Premier ministre Manuel Valls.
"Je comprends l'angoisse des salariés, qui vivent une situation extrêmement difficile depuis des années. Mais le ministre des Transports a eu raison de dire la vérité. On ne peut pas continuer ainsi", a déclaré le chef du gouvernement en déplacement dans le Gard.
"C'est pour cela qu'il faut que chacun prenne ses responsabilités et se mette autour de la table. Un médiateur a été nommé, il sera sur place dès demain (lundi, ndlr)", a-t-il poursuivi, alors que la compagnie maritime marseillaise en est à son 13e jour de grève.
Samedi, M. Cuvillier, à qui les syndicats demandaient des clarifications depuis des mois, a jugé que "la voie du redressement judiciaire" était "le seul moyen pour redonner un avenir à la SNCM".
C'est la première fois que l'Etat, actionnaire à 25% de la SNCM aux côtés de Transdev (66%) et des salariés (9%), envisage publiquement cette option comme une solution aux déboires récurrents de l'entreprise (14 millions de pertes en 2012 - les comptes 2013 n'ont pas encore été publiés - et une double condamnation européenne pour un montant de 440 millions d'euros au total).
Cette déclaration a immédiatement fait bondir les syndicats, évoquant la "trahison" du gouvernement et les "aveux" du ministre, puis secrétaire d'Etat, aux Transports, qui avait dans un premier temps soutenu un plan de relance porté par l'ancienne direction, avant de préconiser le tribunal de commerce.
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Les syndicats, qui doivent lundi à 14H00 rencontrer le médiateur fraîchement nommé Gilles Bélier à la préfecture de Marseille, demandaient depuis plusieurs jours à ce que celui-ci en réfère directement à Manuel Valls.
Pour sa part, Transdev a salué dans un communiqué "la nomination de Gilles Bélier pour assurer une mission de dialogue entre les différentes parties" et assuré "qu'elle y participera pleinement".
Il appelle à" mettre fin le plus rapidement possible à la grève actuelle", tout en réaffirmant sa préférence pour le redressement judiciaire.
Le groupe estime qu'une fois la grève terminée, il sera "possible, au terme des négociations indispensables menées par l'Etat avec les autorités européennes afin de lever la menace des contentieux européens, de bâtir un avenir stable et pérenne pour le périmètre le plus large possible des activités de la SNCM".
"Cette solution passera nécessairement par une procédure judiciaire mais qui constituera, dans une démarche réfléchie et concertée, l'aboutissement d'un processus une fois réunies les conditions assurant l'avenir", poursuit l'actionnaire majoritaire.