L'initiateur du RSA, Martin Hirsch, aujourd'hui directeur de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), a estimé vendredi qu'il fallait corriger les "malfaçons" de cette prestation, selon lui imposées dès l'origine par crainte d'une trop grande demande.
Le Revenu de solidarité active (RSA) a été créé le 1er juin 2009, alors que Martin Hirsch était Haut commissaire aux solidarités actives, sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
"Quand on l'a créé, la hantise de mes interlocuteurs - gouvernement et parlementaires - était : +Nous allons être débordés par la demande. Voilà pourquoi il faut mettre des verrous, voilà pourquoi il faut le rendre compliqué+", a déclaré M. Hirsch, interrogé par l'AFP.
Quelque 35% des personnes éligibles au RSA "socle" (versé aux personnes sans ressources) ne le demandent pas. Cette proportion atteint 68% pour le RSA "activité" (qui sert de complément à un petit salaire), en raison notamment de la méconnaissance du dispositif et de sa complexité.
M. Hirsch a rappelé que le RSA était né d'un rapport qu'il avait rédigé en 2005, "dans lequel une seule prestation englobait le RSA, la Prime pour l'Emploi et éventuellement les aides au logement, avec un grand souci de simplification". Mais cela a été écarté.
"Depuis lors, jamais personne n'a voulu en tirer les leçons ni le simplifier", malgré plusieurs rapports parlementaires en ce sens, a-t-il regretté.
- Simplification nécessaire -
"Les solutions sont assez simples à mettre en oeuvre si on en a la volonté", a-t-il estimé. "Au lieu de faire une demande trimestrielle, les bénéficiaires du RSA activité pour lesquels les montants sont assez faibles - de l'ordre de quelques dizaines d'euros par mois - pourraient par exemple être autorisés à faire une seule demande annuelle".
On pourrait aussi simplifier les formulaires de demande et le mode de calcul, afin de rendre le montant de la prestation plus prévisible pour les bénéficiaires, a-t-il ajouté.
M. Hirsch a également déploré qu'il y ait eu "une campagne d'information il y a cinq ans, et pas une seule depuis".
"On a basculé assez vite dans un système dans lequel on s'est dit que si le RSA était plus connu et plus simple, il coûterait un peu plus d'argent" aux finances publiques, a-t-il estimé. Pourtant, "la ressource créée pour financer le RSA - un prélèvement de 1,1% sur les revenus du capital - n'a jamais été dépensée jusqu'au bout".
M. Hirsch a défendu la philosophie de sa réforme: "je ne renierai jamais le principe de soutenir les salariés les plus modestes avec la solidarité".
"Je ne perds pas l'espoir qu'un jour on en corrige les malfaçons, plutôt que de les entretenir", a-t-il ajouté.