Alors que la question de la métropole du Grand Paris est actuellement débattue par le gouvernement afin de faire face notamment à la pénurie de logements en Ile-de-France, plusieurs élus haussent le ton.
Selon eux, cette future institution n’aurait pas toutes les cartes en main afin de répondre aux problèmes de la région. Un avis partagé par Patrick Devedjian. Selon le député UMP et président du conseil général des Hauts-de-Seine, la mise en place de la métropole du Grand Paris pourrait conduire l’Ile-de-France dans une impasse.
Selon vous la métropole du Grand Paris a-t-elle les compétences stratégiques pour devenir une institution utile à l’Ile-de-France et à son développement ?
Patrick Devedjian : Partout dans le monde où il y a de grandes agglomérations, on a institué des métropoles avec des compétences stratégiques. Mais en France, et à Paris, on fait le contraire. La métropole de Paris devrait réunir les compétences stratégiques. Or, il n’y a pas l’économie, il n’y pas les aéroports, les gares, les transports, les grandes voies de circulations... Il y a le logement et l’urbanisme qui sont en fait des compétences de proximité.
C’est un retour en arrière. Car nous avons déjà connu cela dans les années 1970. Ce fut un désastre. Aujourd’hui, nous dépensons énormément d’argent pour réparer les erreurs qui ont été commises à cette époque là par un système hyper-centralisé et hyper-administratif qui a eu pour vocation de densifier notre territoire. Mais aujourd’hui, celui-ci est le plus dense d’Europe, deux fois plus que l’équivalent londonien. Tout le monde le voit. On ne peut plus circuler et les transports sont dans un état de délabrement certain. Le projet de transports [le supermétro Grand Paris Express] est heureux, mais il en a pour 25 ans à aboutir. Tout ça va nous conduire à une situation de blocage. Car il va être difficile de mettre en place une nouvelle administration pour gérer tous ces problèmes proximité.
Vous critiquez également la réforme territoriale qui vise à unir les départements de la petite couronne. Vous proposez de marier les Hauts-de-Seine aux Yvelines… Faut-il redéfinir la notion de département aujourd’hui ?
Nous ne sommes pas obligés de conserver la centaine de départements que nous avons. On peut les regrouper. Mais au regard des compétences dont ils disposent, en particulier dans le domaine social, je ne vois pas qui d’autre pourrait les exercer efficacement aujourd’hui. La région est loin du terrain, contrairement aux villes, qui toutefois n’ont pas la puissance financière pour répondre à ces questions. Nous sommes favorables à un rapprochement avec les Yvelines. Ces deux départements sont proches et complémentaires, le but est de faire des économies en mutualisation nos moyens. Nous avons déjà en commun des projets de transports, comme le T6 et Eole et nous mettons en place un groupe de travail installé à Chanteloup pour étudier les conditions d’une fusion.
Concernant les Hauts-de-Seine, quels sont les projets qui verront le jour prochainement ?
Nous avons lancé le projet de la Cité musicale de l’Ile Seguin, qui va rééquilibrer le territoire dans ce domaine, car Paris dispose à l’Est de la Cité de La Villette et de la future Philharmonie. Nous avons notre futur grand stade, l’Arena 92, de 40 000 places. Et nous sommes aujourd’hui le seul opérateur de grande voirie de toute l’Ile-de-France, avec la RD7 et son grand aménagement paysager des berges sur la rive gauche de la Seine. La 920 est aussi réaménagée.
Et nous envisageons de travailler vers l’Essonne avec la rénovation du rond point du Petit-Clamart qui est aujourd’hui un véritable désastre urbain. Nous avons aussi numérisé les 100 collèges que nous gérons, et nous sommes en train de les équiper en très haut débit. De même que nous déployons le très haut débit (minimum 100 Mbits/s) sur l’ensemble du département pour permettre à toutes les habitations et aux entreprises d’y accéder. Nous avons aussi dix-sept projets ANRU avec un budget de 350 millions d’euros.
Marie-Célie Guillaume prend ses fonctions lundi à la tête de Defacto, quelles vont être ses missions et quel avenir pour le quartier d’affaires ?
Il faudra renforcer l’attractivité de la Défense à une époque où, en raison de la crise, le 1er quartier d’affaire européen souffre énormément. En coopération avec les villes, le département, Defacto et l’Epadesa, nous avons pour objectif de rénover notamment les sous-sols de la dalle qui sont une honteuse jachère depuis 50 ans. Une réflexion doit être engagée sur la gouvernance de ce site unique en Europe, qui est un atout pour notre pays mais dont le modèle de développement est à réinventer.
Au sujet des municipales, dans les Hauts-de-Seine la droite semble partir divisée. Entre 2007 et 2013, l’UMP a perdu plus de 30% de ses adhérents dans le département. Comment voyez-vous l’issue de ces élections ? Êtes-vous inquiet ?
Il y a des divisions, mais je pense que notre électorat les sanctionnera d’une manière générale. Car il est exaspéré par la politique du gouvernement. Les divisions ne prospéreront pas. Les sondages ne représentent pas la réalité politique. Ils ne tiennent pas compte de l’abstention différenciée, car il y a davantage d’abstentionnistes à gauche qu’à droite. Ce qui est un avantage électoral.
Le constat d’une droite divisée est aussi flagrant à Paris, que manque-t-il encore à NKM pour reprendre la main ?
Les sondages parisiens n’ont pas de sens, car il faut les faire arrondissement par arrondissement. C’est de l’intox. Nathalie est une candidate moderne, intelligente. Elle incarne le désir de changement. La gauche parisienne veut faire la métropole, mais sa vision de la banlieue est hégémonique. Paris est la seule ville de France qui a établi de véritables barrières à l’égard des banlieusards à toutes ses entrées et qui organise et provoque des embouteillages. Je suis pour une métropole qui passe par une concertation avec toutes les départements et villes environnants.
Nicolas Sarkozy a-t-il toujours autant de légitimité à droite, évincera-t-il une primaire éventuelle en vue de 2017 ?
Cette question des primaires est un faux débat. Aujourd’hui, s’il y en avait une, il la remporterait. Je ne pense pas qu’il doive revenir aujourd’hui, je ne suis pas sûr que ce soit le bon moment.