Alors que la grogne monte à travers le pays, le co-président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, organise dimanche prochain une "marche pour la révolution fiscale". Critique à l’égard des Bonnets rouges, l’ex-candidat à l’Elysée entend manifester au nom de l’intérêt général.
Pourquoi organiser une marche pour la révolution fiscale dimanche prochain ?
Il faut crier notre refus de l’augmentation de la TVA, à partir du 1er janvier. Elle est destinée à financer le crédit d’impôt compétitivité. C’est un cadeau de vingt milliards fait aux actionnaires des entreprises !
Cent euros par personne, enfants compris. Quatre cent euros par an pour une famille de quatre personnes. Ensuite, il faut manifester pour peser sur la remise à plat du système fiscal qui est annoncée. Qui va payer demain ?
La hausse de la TVA était programmée depuis longtemps. Pourquoi vous mobiliser seulement maintenant ?
Les esprits ont muri. Maintenant, beaucoup comprennent que cette politique fiscale ne mène nulle part. Les gens n’en peuvent plus. Ils sont dans le rouge de plus en plus tôt dans le mois ! Si on ne fait rien, le gouvernement se sentira encouragé.
Ceux qui feront les moutons, Hollande les tondra ! Il se dira : s’ils ne vont pas à la marche dimanche prochain, c’est qu’ils sont d’accord pour payer.
Les Bonnets rouges manifesteront de leur côté samedi. Pourquoi les critiquez-vous?
Les Bonnets rouges, c’est un mouvement au service du patronat local et de l’agriculture productiviste. Leur mobilisation sert l’intérêt particulier de ceux qui font déjà le malheur des départements bretons. Je condamne leur violence. Brûler et saccager, est inadmissible. Ca discrédite l’action de rue. J’appelle à ne pas le faire.
Comment transformer ces grognes sectorielles en révolte pour l’intérêt général ?
Il faut de l’éducation populaire et cette manifestation… Quand la situation va mal, la tendance est au chacun pour soi. Ce que nous proposons, c’est l’inverse. C’est tous pour un, en quelques sorte.
Nous n’aurons qu’un drapeau, ce ne sera pas celui d’une province, mais celui de l’intérêt général. Il faut se sortir de la crise tous ensemble, par la solidarité et le partage.
Que pensez-vous de la «remise à plat fiscale» proposée par Jean-Marc Ayrault ?
Nous allons faire l’effort de le prendre au sérieux et de croire qu’il a vraiment l’intention de la faire. Mais je mets le Premier ministre en garde. Si c’est pour faire un tour de passe-passe de communication, comme d’habitude, il lui en cuira.
Les français ne sont pas des imbéciles si facile à gruger. Il est donc important d’aller manifester. Le gouvernement ne doit pas réserver sa tendresse au patronat. Il doit respecter les familles : elles n’en peuvent plus.
Si vous étiez chargé de la réforme fiscale, quel serait votre priorité numéro un ?
L’impôt doit être général : tout le monde doit payer. Ensuite il doit être progressif. Entreprises ou particulier : qui gagne le plus paye le plus ! Au lieu de cinq tranches d’impôt, il en faut quatorze pour soulager la classe moyenne. Rien que ça, c’est déjà la révolution.
Face à l’impopularité du gouvernement, pourquoi est-ce si difficile pour le Front de gauche d’exister ?
Le moment est plus dur qu’il ne l’a jamais été. Mais j’ai toujours dit que ce serait, un, la saison des tempêtes, deux, l’heure des caractères. Pour ça, il faut des gens qui tiennent bon, qui gardent leur cap. Si la manifestation du 1er décembre inspire confiance c’est que les gens l’identifient à quelqu’un, à un Front de gauche qui ne cédera pas. C’est notre grande force. Peut-être la seule.
D’après le Premier ministre grec, le pays commence à voir « le bout du tunnel », est-ce que cela ne veut pas dire que, quelque part, tous les plans d’austérité qui lui ont été imposés ont permis à la situation de s’améliorer ?
C’est un fumiste. Ce propos est très politicien. Il fait une tâche déshonorante : la production de son pays s’est écroulée de 20% depuis qu’il applique dans son pays les ordres de madame Merkel. Grecs, espagnols, portugais souffrent comme jamais ! Accès aux soins, espérance de vie en bonne santé, tout ce qui fait la vie quotidienne va mal. C’est un vrai recul de la civilisation dans ces pays.
Comment expliquer que le FN soit donné si haut dans les intentions de vote pour les élections européennes et comment le combattre ?
Les partis centraux, le PS et l’UMP, non seulement sont incapables de dominer la crise mais persistent dans des méthodes qui martyrisent nos peuples. Les citoyens Français sont donc au pied du mur. Ils ont à choisir de quelle manière sortir de la crise.
Soit ils pensent que le problème, c’est le banquier, soit ils pensent que c’est l’immigré. Le Front de Gauche ou le Front national ? Le Pen, c’est le diable de confort du système qu’on sort à chaque élection pour faire peur à tout le monde. Le champion de cette technique est le parti socialiste.
Le rêve de François Hollande c’est un deuxième tour entre lui et Madame Le Pen. Moi, je ne mène pas des combats en fonction de la probabilité de les gagner. Je les mène parce qu’ils sont justes.
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