Avec la dernière polémique en date, sur l’expulsion de la famille de Leonarda, l’exécutif a rappelé l’ensemble de ses troupes à l’unité.
L’heure est de nouveau au recadrage. Après l’affaire Leonarda et les critiques, parfois virulentes, qui n’ont pas cessé d’affluer en dépit de l’intervention du président Hollande samedi, l’exécutif veut apaiser les tensions au sein de la majorité.
Face à cet objectif, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a bousculé son agenda, hier, pour rappeler à l’ordre les députés PS durant leur réunion hebdomadaire à l’Assemblée. Avec une seule directive : «faire bloc». Il faut «revenir à l’essentiel» et «se rassembler» au lieu de «seulement rester sur l’émotionnel», a plaidé le Premier ministre en arrivant au Palais-Bourbon, affirmant à la presse que «le cap est fixé» et «tenu».
A sa sortie, le chef du gouvernement s’est montré satisfait, assurant que «l’immense majorité» du groupe PS lui avait exprimé sa solidarité et qu’elle était «lassée» par les «propos minoritaires et dissidents» émanant de certains de ses camarades. Jean-Marc Ayrault fait notamment allusion aux députés de l’aile gauche du PS, qui ont voté contre la réforme des retraites la semaine dernière.
Cacophonie au sein de la majorité
Un recadrage qui intervient après une série de couacs. La polémique autour de l’expulsion de Leonarda a pris la semaine dernière une ampleur inégalée pour le gouvernement, du moins depuis l’affaire Cahuzac. Mettant en relief les fractures au sein de la majorité, l’affaire a également donné du grain à moudre à l’opposition qui a accusé le chef de l’Etat de sacrifier sa fonction pour contenter son propre camp, sans toutefois y parvenir.
En toile de fond, un climat difficile s’est installé à gauche ces derniers jours. Les tensions sont notamment venues du vote du budget, vivement contesté par l’aile gauche du PS. Autre source de malaise, la sénatrice Samia Ghali a accusé l’exécutif d’avoir agi en sous-main pour privilégier son rival Patrick Mennucci lors de la primaire PS à Marseille.
L’exécutif à court de solutions
De la «charte de déontologie» signée par les ministres à leur arrivée jusqu’au verrouillage de leur communication suite à la récente polémique sur les Roms, des avertissements de François Hollande aux mises au point de Jean-Marc Ayrault, le large éventail d’armes mis à la disposition de l’exécutif pour affirmer son autorité semble avoir été épuisé.
Mais les discours sont souvent moins efficaces que les actes. En juillet, le président, déjà attaqué sur son manque d’autorité, avait limogé la ministre de l’Ecologie, Delphine Batho. Elle avait failli à la solidarité gouvernementale en critiquant le budget de son portefeuille.
Dans l’affaire Leonarda, la difficulté réside dans la grande popularité du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Hors de question pour l’exécutif d’en faire un fusible, comme certains au PS le réclament.
En outre, la fronde vient cette fois-ci de l’extérieur du gouvernement. Des élus PS sont tentés de défendre les valeurs de gauche ou de prendre des distances avec la politique du gouvernement pour éviter que leur électorat local ne fasse défection au moment des municipales.